La foire d’antiquaires accueille un nombre record d’exposants dans ses espaces agrandis. Elle consolide ses points forts que sont l’archéologie et les arts premiers tout en s’ouvrant davantage à l’art moderne.
BRUXELLES - Pour sa 61e édition, la Brafa (Brussels Art Fair) réinvestit le site de Tour & Taxis, mais avec quelques nouveaux aménagements lui permettant d’accueillir davantage de galeries. Cet agrandissement a été rendu possible grâce au déplacement de l’un des deux restaurants vers une structure adjacente, créant ainsi le début d’une nouvelle allée. 660 m2 ont ainsi été dégagés. « Depuis plusieurs années, nous disposions d’une liste d’attente de galeries qui souhaitaient participer, mais que nous ne pouvions malheureusement pas accueillir faute d’espace suffisant. C’est pour répondre partiellement à cette demande que nous testons cette formule cette année », a indiqué Harold t’Kint de Roodenbeke, président de l’événement, réélu pour trois ans en juin dernier.
Aussi, l’édition 2016 compte un nombre record d’exposants, soit 137 – 10 % de plus que l’an passé qui en comptabilisait 126. Dix-sept pays sont représentés avec une majorité de galeries belges (55) et françaises (48), huit de Grande-Bretagne et, contrairement à l’année dernière, une galerie américaine. En tout, douze nouvelles enseignes sont présentes, parmi lesquelles la galerie Boulakia (Paris, Londres), spécialisée en tableaux impressionnistes, modernes et contemporains, qui présente Les Mariés de Chagall (3,4 millions d’euros) ou la galerie Jean-Christophe Charbonnier, spécialiste de l’art du Japon. Huit exposants effectuent également leur retour comme la galerie Alexis Bordes (Paris) ou la galerie De Jonckheere (Genève, Paris, Londres), mais aussi les galeries parisiennes Éric Coatalem et Philippe Perrin, qui se partagent un stand. « Je ne suis pas revenu à la Brafa depuis 2008 mais à l’époque, j’étais assez content d’y participer. Et puis j’ai de plus en plus de clients dans le nord, ce qui me donne une occasion de les revoir. Là-bas, il y a de vrais collectionneurs, c’est une foire sympathique et pas chère », (pour un stand de 45 m2, les deux marchands ont dû débourser autour de 25 000 euros), commente Philippe Perrin. Leur stand se présente sous la forme d’un cabinet d’amateur, réunissant un meuble en marqueterie Boulle du XVIIIe, des tableaux du XVIIe siècle et de la sculpture.
Même si la foire bruxelloise est réputée pour son éclectisme, elle met l’accent sur certains domaines. « Concernant les arts premiers et l’archéologie, nous proposons probablement les meilleures sections du monde pour une foire généraliste », souligne Harold t’Kint de Roodenbeke. Dans ce deuxième domaine, pas moins de onze marchands sont présents : jamais cette section n’aura été aussi forte. Parmi les fidèles, la galerie Harmakhis (Bruxelles), la galerie Phoenix Ancient Art (Suisse), la galerie Gilgamesh (Paris) ou J. Bagot (Espagne), qui montre pour l’occasion une tête de l’empereur Caligula en marbre, Empire romain, Ier siècle apr. J.-C. (900 000 euros). La section est renforcée cette année par les galeries Günter Puhze (Freiburg) et Safani Gallery Inc (New York). « La Brafa est une foire bien établie et dynamique. Au cours de ces dernières années, les organisateurs ont fait de réels efforts pour rallier des marchands internationaux, venant compléter la liste des participants bien présents », explique Alan Safani.
Les arts premiers en force
Autre discipline bien représentée, les arts premiers, avec huit galeries, dont des poids lourds comme Pierre Dartevelle (Bruxelles), qui montre un masque Songye Kifwebe (RDC) de l’ancienne collection Jeanne Walschot ; Bernard Dulon (Paris) qui expose une statue Senoufo porteuse de coupe, vers 1880 (Côte d’Ivoire), ancienne collection Henri Kamer ; tandis que Serge Schoffel (Bruxelles) présente, entre autres, un chambranle Maori du XVIe siècle (450 000 euros). Le mobilier, les arts décoratifs et la peinture ancienne ne sont pas en reste. La galerie Steinitz (Paris) montre une imposante pendule de cartonnier d’André-Charles Boulle, provenant de la collection de Dupin de Francueil au château de Chenonceau ; la galerie Berger (Beaune) dévoile une console d’applique aux attributs jardiniers en bois doré, attribuée à Georges Jacob dont le pendant se trouve au Musée de l’Ermitage (Saint Petersbourg). La galerie Perrin expose un caprice architectural d’Hubert Robert, alors que Costermans (Bruxelles) met en avant un paysage de Jan Brueghel le Jeune et que la galerie Jan Muller Antiques (Belgique) présente une nature morte de Willem Claesz Heda, du XVIIe siècle (250 000 à 300 000 euros).
Davantage d’art moderne
Mais si la Brafa consacre une large part aux arts anciens, qui ont pendant longtemps fait sa force et sa renommée, « cette année, je remarque qu’il y a davantage d’art moderne, ce qui correspond à une évolution générale sur toutes les foires », constate le président. Parmi les œuvres à ne pas manquer, Le Chou à Pontoise (1882) de Pissarro chez Stern Pissarro Gallery (Londres), proposé à 3 millions d’euros ; le Torse d’une femme assise, dit Torse Morhardt, de Rodin (Univers du bronze, Paris), une aquarelle de Léon Spilliaert à la galerie AB (Paris), ou encore un Buste de femme, d’Alberto Giacometti, un modèle de 1947 coulé en 1980 proposé autour de 2,5 millions d’euros (Boon Gallery, Belgique).
Concernant l’art d’après-guerre, bon nombre de gouaches de Calder sont disséminées à travers les stands : à la galerie des Modernes (Paris) avec Snakes, 1970, sur le stand de la galerie Hélène Bailly (Paris) avec Balloons, 1969, chez Stern Pissarro Gallery ou encore chez Opera Gallery (Suisse) qui montre par ailleurs une œuvre de 1954 de Soulages et Le Mage, de Dubuffet, 1971. D’autres noms reviennent souvent comme Vasarely, Warhol ou Fontana.
« Nous ferons tout pour démontrer une fois de plus que Brafa a déployé tout son savoir-faire pour offrir en 2016 la plus belle Brafa jamais organisée », promet Harold t’Kint de Roodenbeke.
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Brafa déploie ses atouts
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Abonnez-vous dès 1 €Du 23 au 31 janvier Tour & Taxis, Avenue du Port 86 C, Bruxelles, Belgique, www.brafa.be
Légende photo
Pieter Brueghel le Jeune, Paysage d'hiver avec patineurs, huile sur panneau, 40 x 57 cm. Courtesy Galerie De Jonckheere, Paris.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°448 du 8 janvier 2016, avec le titre suivant : Brafa déploie ses atouts