Ventes publiques

Arts premiers : le marché se maintient

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 3 juillet 2013 - 570 mots

Christie’s et Sotheby’s réunies ont récolté 11,6 millions d’euros, mais la seconde est à la traîne.

PARIS - « Le marché se maintient et reste plutôt sain : les pièces trop chères ou pas à la hauteur ne trouvent pas preneur. Les acheteurs se focalisent sur les œuvres maîtresses », souligne Charles-Wesley Hourdé, spécialiste chez Christie’s. Le bilan est décevant pour Sotheby’s, avec un résultat de 3,7 millions d’euros alors que 5,5 à 7,5 millions d’euros étaient attendus. La collection Corlay n’a pas séduit. Sur 49 lots proposés, 16 seulement ont été vendus, dont une statue janiforme Songye (Congo) à 340 000 euros « au marteau » (est. 350 000 à 500 000 euros). « Le marché est un peu réduit en ce moment et quelque chose nous a échappé sur [sa réaction relativement] à des objets achetés dans les années 1970-1980 au Congo, à une époque où l’on collectait des œuvres très importantes là-bas », explique Marguerite de Sabran, spécialiste. Malgré une salle pleine, « le marché a boycotté cette vente : la qualité n’était pas au rendez-vous et les estimations étaient élevées », ont estimé plusieurs marchands.
Les découvertes ont cependant obtenu de bons résultats : un masque Baoulé de Côte d’Ivoire ayant appartenu à Charles Ratton s’est envolé à 650 000 euros (est. 120 000 à 180 000 euros) ; un appuie-tête Songye (Congo), collecté en 1891 et frère de celui conservé au Pavillon des Sessions au Louvre, a été adjugé 420 000 euros « au marteau » (est. 120 000 à 180 000 euros). Mais la coupe royale Yoruba de la collection Borro, pourtant très admirée, d’une estimation autour d’1 million d’euros, a été ravalée à 880 000 euros, n’atteignant pas le prix de réserve, trop élevé semble-t-il. Selon Bernard de Grunne, galeriste à Bruxelles, « les estimations de Sotheby’s étaient sans doute un peu agressives, Christie’s avait mieux étudié les siennes ».

Christie’s en forme
Grande gagnante, cette dernière totalise 7,9 millions d’euros, « notre meilleure vente », se félicite Charles Hourdé. La collection Jolika d’objets de Papouasie Nouvelle-Guinée, provenant du De Young Museum à San Francisco, a remporté un franc succès : une figure de faîtage cérémonielle Biwat s’est envolée à 2,5 millions d’euros, un record. Un bol cérémoniel a été préempté à 70 000 euros (prix d’adjudication) par le Musée du quai Branly.
La seconde partie de la vente a été bien accueillie également. Un autre record a été obtenu pour un serpent Baga (Guinée), issu de la collection Bartos, adjugé 2,3 millions d’euros (est. 800 000 à 1,2 million d’euros). Collecté par Hélène Leloup en 1957, présente dans la salle, celle-ci a lancé les enchères avant de céder la place à Heinrich Schweizer, directeur du département d’art africain de Sotheby’s New York, qui a remporté le lot sous les applaudissements de la salle. Situation cocasse. De la même collection Bartos, une statuette Dogon Kambari (Mali) a décuplé son estimation haute, atteignant 500 000 euros (prix d’adjudication), tandis qu’une coiffe Baga n’a pas trouvé preneur (est. 400 000 à 800 000 euros).

Christie’s, le 19 juin

Estimation : 5 à 7,7 millions d’euros (hors frais)

Résultat : 7,9 millions d’euros (frais compris)

Nombre de lots vendus/invendus : 92/40

Lots vendus : 70 %

Sotheby’s, le 18 juin

Estimation : 5,5 à 7,5 millions d’euros (h. f.)

Résultat : 3,7 millions d’euros (f. c.)

Nombre de lots vendus/invendus : 60/71

Lots vendus : 59,3 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°395 du 5 juillet 2013, avec le titre suivant : Arts premiers : le marché se maintient

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