SHANGHAÏ / CHINE
La foire de Shanghaï s’est imposée comme la plus importante foire d’art contemporain en Chine.
Une foule fluide, aux looks parfois clinquants, masque coloré sur le nez, se presse à la porte 3, côté Yan’an Road, du Shanghaï Exhibition Center, édifice de 93 000 mètres carrés légué à la Chine par les Soviétiques en 1955 pour célébrer « l’amitié sino-soviétique ». Une bizarrerie néoclassique et une extravagance calquée sur l’amirauté de Saint-Pétersbourg. Les visiteurs, venus nombreux malgré les restrictions sanitaires – tous ont dû faire un test PCR –, passent les portiques de sécurité et gagnent au pas de course le palais abritant pour quatre jours Art021, premier salon d’art contemporain privé en Chine.
Art021 revient pourtant de loin. « Au tout début, moins de trente galeries à peine étaient présentes, contre cent trente-quatre aujourd’hui », se remémore Bao Yifeng, cofondateur de la manifestation. Désormais, c’est la foire d’empoigne pour rejoindre Art021. Car s’inscrire ne suffit pas : encore faut-il être retenu et invité par le comité de sélection. En fin de compte, de grands noms (David Zwirner, Perrotin, Gagosian, Almine Rech, White Cube) côtoient sur le salon des voisins plus discrets.
« C’est la sixième fois que nous sommes à Art021, explique Li Xi, directrice en Chine de la galerie américaine Gagosian, qui proposait cette année, sur ses murs immaculés, Damien Hirst, Georg Baselitz, Rudolf Stingel ou le jeune peintre Jia Aili – le « Delacroix chinois » aux toiles monumentales cotées 1 million de dollars. On est ici au cœur du moteur et de l’écosystème du secteur en Chine, en direct et proactifs avec les collectionneurs pour cerner leurs envies. Art021 nous aide à sentir le pouls du marché. »
Dans le dédale du salon, la galerie Bank (Shanghaï) est aussi une habituée. Elle a vendu très vite cette année les œuvres des artistes Lin Ke, Tim Crowley, Nik Kosmas, Michael Lin ou Jin Shan. « Art 021 est de loin, avec Westbund, la plus importante foire en Chine continentale en raison du calibre de ses galeries, artistes et acheteurs participant aussi à l’avalanche d’événements satellites, “talks”, conférences, dîners et autres, précise Mathieu Borysevicz, son fondateur. Même son de cloche chez Danysz Gallery, établie en Chine depuis 2012. « Art021 est devenu un rendez-vous prescripteur de tendances, observe Pierre Martinez, son directeur. Les ventes en témoignent : le public chinois est de plus en plus friand de noms étrangers. »
Mais si Art021se distingue, c’est aussi grâce à son éclectisme. Peinture, sculpture, photographie, mobilier d’intérieur, objets d’art et de design, tapisseries, éclairages modernistes s’y côtoient en un joyeux cocktail. Chez Objective (Shanghaï), espace immersif et phénomène remarqué lors du récent Design Miami Podium x Shanghaï, la table ronde en calcaire de Steven John Clark jouxte les appliques murales en céramique de Natalia Landowska et les chaises en chêne de l’Américain Ian Felton. « Art021 attire les jeunes collectionneurs chinois intéressés par notre approche narrative liant l’art et le design », explique Ansha Jin, directrice d’Objective.
Un enthousiasme que le Français Olivier Hervet, directeur associé en Chine de la galerie HdM, tempère : « Malgré les succès, les achats étaient cette année moins frénétiques que l’an passé. Des collectionneurs ont été rebutés par les tests PCR – certains, de Pékin, ne sont pas venus. Les mauvaises performances récentes de la Bourse ont aussi un impact. Néanmoins, Art021 reste un rendez-vous majeur et le seul, avec Westbund, qui soit vraiment international. Pour les galeristes étrangers, c’est une opportunité de ventes essentielle. »
« Shanghaï a tenté durant vingt ans de monter de grandes foires d’art, confie Lorenz Heilbling, fondateur de la galerie ShanghArt et l’un des pionniers de l’art contemporain en Chine. La ville y est enfin parvenue, avec Art021 et également Westbund. L’émulation entre les deux foires tire le marché vers le haut. Les galeries et les musées de Shanghaï ouvrent à tour de bras. »
« Un désir permanent de nouveauté »
Passionné d’art contemporain, l’entrepreneur et collectionneur, Bao Yifeng, 49 ans, directeur général de l’agence d’événements Activation Liquid, coté à la Bourse de Hongkong, a cofondé Art021 en 2013, avec ses partenaires Kylie Ying et David Chau.
Comment le salon Art021 est-il né et comment s’est-il développé ?
Quels sont les fondamentaux d’Art021 ?
Quelles sont les conséquences de la crise du Covid ?
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Art021, leader en Chine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°578 du 26 novembre 2021, avec le titre suivant : Art021, leader en Chine