En seulement douze éditions, Art Élysées s’est imposée non pas comme une foire concurrente de la Fiac, mais comme un événement complémentaire centré sur l’art moderne et contemporain « classique », ouvert désormais au design et au street art.
Pour sa 12e édition, Art Élysées, foire off qui s’est imposée durant la semaine de la Fiac en octobre, participe plus que jamais à l’effervescence artistique de Paris, en proposant aux visiteurs – ils étaient 40 000 en 2017 – un large panorama de l’art moderne et contemporain, mais aussi de l’art urbain et du design. Au sein d’un parcours foisonnant de près de 110 galeries françaises et étrangères, quatre pavillons sur l’avenue des Champs-Élysées, allant de la place Clemenceau à la place de la Concorde, se consacrent aux quatre sections distinctes.
Nouveauté cette année, l’espace 8e Avenue, consacré au street art et habituellement à part dans le parcours, est désormais présent au sein du pavillon E, sous l’enseigne Art Élysées, au même titre que les autres sections : « Depuis deux ans, précise Isabelle Keit-Parinaud, directrice de la manifestation, le salon 8e Avenue avait son propre espace mais, maintenant, pour entraîner une forte synergie entre nos sections, le pavillon E englobe désormais la section “contemporain urbain” (incluant 8e Avenue), qui va du contemporain à l’art urbain via l’illustration et la BD. » Pour les amateurs d’urbanité explosive et d’histoire, on n’hésitera pas à aller notamment chez David Pluskwa qui montre des pièces puissantes de Jef Aérosol, artiste pochoiriste français issu de la première vague de street art du début des années 1980, et chez Ange Basso qui expose trois autres pionniers de ce mouvement, Zenoy, Blek le rat et Invader (également présenté sur le stand Le Feuvre & Roze), dont les œuvres se monnaient entre 8 000 et 20 000 euros.
Avec 30 % de galeries exposant pour la première fois, dont certaines étrangères, Art Élysées se renouvelle également, prouvant au passage qu’elle demeure fort attractive. L’arrivée de la Belgian Gallery, avec des artistes belges d’importance (Paul Delvaux, Pierre Alechinsky, Joseph Lacasse), de la galerie danoise Birch (Copenhague), présentant Asger Jorn, ainsi que du Parisien Damien Boquet, chez qui l’on retrouve, pour des prix compris entre 3 000 et 300 000 euros, un ready made original de Marcel Duchamp, une toile historique d’Olivier Debré et des dessins de Pablo Picasso, vient renforcer le salon en art moderne et en art contemporain très établi. Pour Damien Boquet, « Art Élysées a su se forger une identité propre de foire de qualité, elle est à notre sens plus accessible et moins “intimidante” pour le grand public que certains salons parisiens ou internationaux. Pour l’occasion, nous présentons des objets de haut niveau ainsi que certaines œuvres plus “accessibles”, tout en gardant une exigence particulière quant à l’ensemble du stand. »Cette exigence, on la retrouve autant chez les Français que chez les étrangers, pleinement conscients de l’attractivité retrouvée de Paris. Aussi, il ne faut surtout pas manquer de se rendre sur le stand de la galerie anglaise Didier Ltd dévoilant des bijoux d’artistes internationaux, de Picasso à François Morellet en passant par Braque, Dalí, Niki de Saint Phalle et Vasarely, dont un superbe bracelet argent (édition de 250 exemplaires, 1986) est vendu au prix de 32 500 euros. Quant au Londonien Steven Graven, il montre lui aussi du Vasarely (pièce muséale de 1980, TUZ,à 375 000 euros), plasticien majeur de l’art optique qui connaîtra prochainement une rétrospective au Centre Pompidou, mais également une aérienne acrylique sur papier (1962, 185 000 euros) de Sam Francis ainsi qu’un beau Printemps, huile sur toile (1955) signée Karel Appel, affichée à 210 000 euros.
Concernant les artistes importants du XXe siècle, les Français (AD Galerie, Galerie Bailly, Galerie Hélène Bailly, Galerie Berès, Galerie des Modernes, etc.) ne sont pas en reste non plus, égrenant non seulement des figures marquantes de l’histoire de l’art des XXe et XXIe siècles (Adami, Calder, Combas, Dubuffet, Di Rosa, Hantaï, Hartung, Kandinsky, Klasen, Labisse, Monory, Pasqua, Poliakoff, Warhol…), pour des prix allant de 12 000 à 350 000 euros, mais exposant également, pour certains, des artistes dits « de second marché » qu’on ne voit plus, ou quasiment plus, dans les grandes foires internationales, tels Vasarely, Mathieu ou Buffet. Blaise Parinaud, de la Galerie Messine, dévoilant notamment un superbe Raoul Dufy, note qu’« il y a une vraie place à prendre en complément de la Fiac, avec un positionnement moderne et contemporain classique. De nombreux collectionneurs ne trouvaient plus leur compte dans la multiplication des foires strictement dédiées à l’art contemporain. Toute une histoire y est mise de côté et peut-être qu’aujourd’hui, Art Élysées a un goût des Fiac de mon enfance… » Si le passé est ici revisité, souvent associé à des gros prix car l’histoire de l’art est passée par là, les petits prix et les plasticiens émergents sont aussi de la partie. Pour des achats coups de cœur ne plombant pas le porte-monnaie, on peut se faire plaisir avec un multiple, par exemple de Miss.Tic, poétesse d’art urbain (500 euros, chez Lélia Mordoch), ou du facétieux Philippe Geluck (à partir de 900 euros, chez Huberty & Breyne). Enfin, aux côtés d’enseignes pointues dévoilant des démarches innovantes, telles les interventions vibrantes du plasticien musicien Tanc chez Baudoin Lebon et les calligraphies-graffitis de Sowat chez Le Feuvre & Roze, deux événements écologiques axés sur le devenir de la planète sont assurément à voir : Keep it Wild de Patricia de Solages, plasticienne franco-mexicaine imprimant des photos d’icebergs sur des couvertures de survie, et Les Montagnes bleues de Tristan Vyskoc, qui crée une installation picturale immersive donnant à voir le mont Blanc à 360°. Dépaysement garanti.
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Art Élysées relève tous les défis !
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°716 du 1 octobre 2018, avec le titre suivant : Art Élysées relève tous les défis !