MADRID - Les Espagnols aiment l’art, comme en attestent les derniers chiffres de fréquentation des musées madrilènes. Le Prado et la Reina Sofia ont accueilli respectivement l’an dernier 2,65 et 1,57 million(s) de visiteurs, soit une progression de 23 % et 10 % par rapport à 2006. L’ARCO, qui à sa façon est une institution portée par la ville, jongle aussi avec des chiffres à donner le tournis, près de 200 000 visiteurs annuels, quelque 257 galeries, des secteurs à n’en plus finir... De quoi faire perdre son latin au visiteur lambda !
Profitant du déménagement dans deux nouveaux halls, la directrice du salon, Lourdes Fernández, a souhaité insuffler plus de cohérence au nouveau cru. Cette restructuration ne s’accompagne toutefois pas d’une réduction des secteurs, mais plutôt d’une meilleure différenciation. La lisibilité est à l’ordre du jour dans la nouvelle section ARCO 40, destinée à montrer des œuvres récentes, et dans les Solo Projects, comme celui de Xavier Veilhan chez Andréhn-Schiptjenko (Stockholm). Black Box, dévolu à la vidéo, se rebaptise Expanded Box et s’ouvre aux installations multimédia. Un nouvel espace est enfin dédié aux performances. Un sujet peu commercial, mais bigrement d’actualité, puisque le Brésil, pays invité de cette édition, compte de nombreux artistes mêlant arts visuels et happening.
L’entrée en lice du pays du bois de braise promet d’être aussi décoiffante que l’arrivée mexicaine en 2005. « L’un de nos objectifs est d’être la porte d’entrée sur l’Europe de l’Amérique du Sud, observe Lourdes Fernández. Le Brésil a plusieurs avantages : une grande créativité et une vraie structure de galeries. Il faut à l’avenir continuer de regarder l’Amérique du Sud et la Méditerranée, car l’Espagne est bien placée géographiquement, culturellement pour dialoguer avec ces régions. » Pour appâter les nombreux visiteurs latino-américains attendus cette année, les enseignes étrangères se mettent aussi à la page. La galerie 1900-2000 (Paris) prévoit des œuvres des Brésiliens Anna Bella Geiger, Samson Flexor et Miguel Rio Branco. De même, Jeanne-Bucher (Paris) intègre une mini-rétrospective d’Arthur Luiz Piza dans un stand orienté « sculpture », dominé par un monumental Personnage de Jean Dubuffet.
Moderne en berne
Les galeries modernes se sentent toutefois souvent ostracisées. Certaines invoquent même un protectionnisme espagnol. « Ce n’est pas qu’on n’est pas intéressé par le moderne, c’est une question de marché, défend Lourdes Fernández. Mais les galeries modernes peuvent vendre à Bâle ou à Miami pour 30 millions de dollars. Ce n’est pas le cas à Madrid. Maastricht a lieu le mois suivant et fonctionne mieux que nous dans ce domaine. » Accompagnant ce mouvement conjoncturel mais aussi, dans son cas, structurel, la Galerie Lelong (Paris-New York) rengaine ses classiques comme Miró ou Chillida, pour miser davantage sur le contemporain. Les ventes récentes effectuées auprès des Espagnols lui donnent raison. En décembre, sur Art Basel Miami Beach, elle a cédé une sculpture de Plensa à la Collection Alorda-Derksen et une pièce d’Helio Oiticica à la Fundación Privada Allegro. Mais si les collectionneurs hispaniques s’ouvrent à l’art actuel, ils restent encore lents à la détente. Nogueras Blanchard (Barcelone) ne réalise ainsi que 10 % de son chiffre d’affaires dans la péninsule. Certains, comme Yvon Lambert (Paris-New York) ou Thaddaeus Ropac (Paris-Salzbourg), tablent principalement sur les achats de musées ou de fondations privées, véritable botte secrète de la foire.
- ARCO, 13-18 février, pavillon 12 & 14 Feria de Madrid, www.arco.ifema.es, du 13 au 17 février 12h-21h, le 18 février 12h-18h.
Arco
- Directrice : Lourdes Fernández
- Nombre d’exposants : 257
- Tarif des stands : 220 euros
le m2 (surface minimum 65 m2)
- Nombre de visiteurs
en 2007 : 190 000
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ARCO : une touche d’Amérique latine
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Abonnez-vous dès 1 €Après Telefonica, Coca-Cola et la Caixa, une nouvelle collection d’entreprise ouvre ses portes le 15 février près de Madrid. Fondée par Vicente Quilis et spécialisée dans les télécommunications, Inelcom a initié depuis trois ans une collection autour de l’axe communication-incommunicabilité. Profitant de son installation à Pozuelo de Alarcón, sorte de Silicon Valley à un quart d’heure de la capitale, Inelcom dédie son rez-de-chaussée de 3 000 m2 à la présentation de cet ensemble. Celui-ci compte pour l’heure soixante-quinze œuvres, notamment de Kader Attia, Candice Breitz, Fernando Bryce, Sophie Calle et Lisa Ruyter. « C’est une collection vraiment engagée. Les propriétaires de la firme ont déjà monté avec dix-sept autres familles de Valence la Collection Valencia Arte Contemporanea, déposée pour une durée de dix ans à l’IVAM [l’Institut d’art moderne de Valence] », indique son conservateur, Pablo del Val, de l’agence de communication ABV Arte.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°274 du 1 février 2008, avec le titre suivant : ARCO : une touche d’Amérique latine