La galerie de la Présidence a rassemblé dix vues de Paris d’Albert Marquet qui ont conquis les acheteurs.
Paris. C’est un tour de force qu’a accompli la galerie de la Présidence en présentant cet ensemble de qualité muséale, tant ces toiles d’Albert Marquet (1875-1947), de ce sujet et surtout de cette période, sont rares sur le marché. « Quand nous avons appris que la collection Morozov allait être exposée, dont cinq vues de Paris de Marquet, nous nous sommes dit que c’était le moment de montrer les nôtres », expliquent les galeristes. Et c’est aussi une jolie manière de célébrer les 50 ans de la galerie créée en 1971 par Françoise Chibret-Plaussu, rejointe par sa fille Florence il y a une vingtaine d’années.
« Nous avons fait des recherches dans le monde entier pour trouver ses tableaux de vues de Paris et alimenter cette exposition – en plus de ceux que nous avions déjà –, mais nous n’en avons pas trouvé », raconte Françoise Chibret-Plaussu. Et pour cause, les collectionneurs ne sont pas vendeurs. « Ils pensent que Marquet va prendre de la valeur et ils ont raison ! C’est un artiste qui n’est pas à sa juste place. Il devrait être au même niveau que son grand ami Henri Matisse », jugent les galeristes.
Dans ses vues parisiennes, Marquet n’a conservé du fauvisme que la pureté des traits et les formes simplifiées, abandonnant les couleurs violentes. Il élimine le superflu, peint par aplats et privilégie l’esquisse. Il emploie des tons sourds, avec des dégradés allant du noir au blanc, du marron à l’ocre. Ses angles d’observation sont novateurs, ses perspectives sont audacieuses et il pratique à l’envi les vues plongeantes à la manière des estampes japonaises. « Marquet, c’est le peintre de l’économie de moyens, de la simplicité et de la lumière, contrairement à Matisse qui est le peintre de la couleur », détaille Florence Chibret-Plaussu.
Même si l’artiste a peint des vues de Paris toute sa vie durant, les toiles rassemblées ici ont toutes – sauf deux – été réalisées entre 1905 et 1910. En 1905, Marquet emménage au 25, quai des Grands-Augustins ; c’est à ce moment-là que commence la série des quais. « Il était passionné par les quais de Paris. D’ailleurs, il n’a pas vraiment peint d’autres coins de la capitale », précisent les galeristes. Sur les dix vues présentées – pour des prix allant de 100 000 à 400 000 euros – neuf ont pour sujet les quais de Seine, peints depuis les logements ou ateliers du peintre. Parmi elles, Quai des Grands-Augustins, Paris, Brume, 1905 ; L’Hiver, quai du Louvre, 1906 ; Paris, le quai Saint-Michel, Brouillard, vers 1908-1909 (vendu à un collectionneur américain) ou encore deux vues de Notre-Dame avec le pont Saint-Michel, peintes depuis le 5e étage du 19, quai Saint-Michel, dans l’ancien atelier de Matisse. La dixième est une petite huile sur panneau, Ombre sur le mur, le Louvre, vers 1905-1906.
L’exposition a déjà fait un carton puisque sur les dix vues, six ont déjà été vendues. « Certains jours, nous avons même reçu jusqu’à trente visiteurs dans la galerie. Nous n’y étions plus habituées ! »
Pour compléter l’ensemble, une douzaine d’huiles ayant pour thème les rivages (bords de la Méditerranée, les quais de Seine à Rouen, Venise, les bords du Danube, la baie d’Alger…) sont également montrées.
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Albert Marquet, l’amoureux des quais parisiens
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°580 du 7 janvier 2022, avec le titre suivant : Albert Marquet, l’amoureux des quais parisiens