PARIS [05.10.12] - Le dossier de presse remis par le ministère de la Culture ne reflète pas exactement la physionomie du budget 2013. Les documents sur lesquels vont travailler les parlementaires révèlent les vrais choix d’Aurélie Filippetti. A commencer par la priorité accordée au Spectacle vivant dont le budget ne baisse que de 0,9 % lorsque celui du Patrimoine et des Arts plastiques plonge de près de 10 %.
La communication et les éléments de langage ont des limites. Le document envoyé à la presse par le ministère de la Culture sur son projet de budget 2013, et que la ministre s’est bien gardée de présenter en conférence raconte une histoire bien différente de celle que livrent les documents officiels destinés aux parlementaires.
Alors que le budget de la mission Culture baisse de 4,48 % en 2013 (hors contribution directe de l’Etat au CAS Pensions), tous les « Programmes » et « Actions » ne sont pas logés à la même enseigne. Le budget du Spectacle vivant est relativement épargné et ne perd que 6 millions d’euros pour un total de 712,5 millions d’euros (sauf mention contraire, tous les montants correspondent aux Crédits de Paiement (CP) de la Loi de Finance Initiale (LFI) 2012 et aux CP demandés pour 2013). En revanche celui des Patrimoines (P175) et celui du Soutien à la création, à la production et à la diffusion des arts plastiques (A2) baissent respectivement de 9,93 % (776 millions d’euros) et 9,59 % (62,3 millions d’euros).
Un portail numérique à 2,8 millions d’euros
Avec une réduction de 85,5 millions d’euros de son enveloppe, le programme Patrimoines est le plus gros contributeur à l’effort de redressement des comptes publics. Les monuments historiques supportent plus de la moitié de cet effort. Ainsi le Château de Versailles devra-t-il revoir son schéma directeur de grands travaux car la subvention d’Etat passe de 18 à 12 millions d’euros. Si l’enveloppe globale allouée aux budgets des musées ne baisse que de 0,75 % (376 millions d’euros), c’est qu’il a fallu prendre en compte les dépenses de fonctionnement du MUCEM (9,7 millions d’euros) et du Musée Picasso et donc réduire la dotation aux autres musées, malgré l’abandon de la Maison de l’Histoire de France. Celle-ci renaît cependant sous la forme d’un portail numérique qui va coûter la bagatelle de 2,81 millions d’euros. C’est moins pharaonique que le projet initial qui devait s’installer en plein Paris, mais tout aussi démesuré.
Les crédits d’acquisitions d’œuvres pour les collections publiques sont tout simplement divisés par deux et tombent à 8,5 millions d’euros. Ils étaient encore de 20 millions en 2009. Manifestement la ministre mise surtout sur le mécénat pour enrichir les collections. Alors qu’en 2011 la réduction d’impôt sur les sociétés aux entreprises ayant effectué des versements pour l’achat d’un Trésor National était de 15 millions d’euros, il est estimé à 16 millions pour 2013. Même l’archéologie, qui n’est pourtant pas un gros consommateur budgétaire (7 millions d’euros) voit ses crédits baisser de 24 %. La ministre compte sur l’assujettissement à la RAP des particuliers qui construisent leur maison pour compenser cette baisse. Aurélie Filippetti avait d’ailleurs suscité un vent d’optimisme chez les archéologues, en remettant sur le « tapis la question du monopole de l’Inrap ». Pourtant le document officiel indique « la poursuite des actions visant à développer le nombre d'opérateurs publics (notamment des collectivités territoriales) et le suivi de l'activité des opérateurs privés agréés pour mener des opérations en matière d'archéologie préventive ».
Arts plastiques, démocratisation et accueil des étrangers en berne
Traditionnel parent pauvre de la mission Création (il pèse dix fois moins que le Spectacle vivant), le soutien aux Arts plastiques est l’autre grand perdant des arbitrages budgétaires, son budget fond de 10 % et perd 6,6 millions d’euros. Les sommes en jeu sont moindres mais les écarts n’en sont pas moins significatifs. La dotation aux centres d’art conventionnés baisse ainsi de 7 % (par rapport au PLF 2012). Et alors que les subventions versées au CNAP ou au Palais de Tokyo sont plus ou moins stables, l’enveloppe de la Commande publique (1,8 millions d’euros) baisse de 10 % (par rapport au PLF 2012).
Le troisième programme fièrement intitulé « Transmission des savoirs et démocratisation de la culture » est un programme un peu fourre-tout. La stabilité de son budget masque de grandes disparités. Alors que les crédits alloués aux écoles d’art sous tutelle du ministère augmentent de 2,52 %, ceux de la démocratisation culturelle baissent de 10 % et ceux des établissements spécialisés plus encore (- 25 %). Le contraste est encore plus saisissant entre la hausse (oui une hausse de 1,53 %) du budget de fonctionnement du ministère et la baisse de 35 % du budget de l’action culturelle internationale. A l’intérieur de ce dernier, on note que le budget alloué à la « diffusion des cultures étrangères en France et l’accueil des professionnels de la culture et des artistes étrangers en France » passe de 6 millions d’euros (PLF 2012) à 3,8 millions d’euros. Il va falloir beaucoup de talents aux communicants du ministère pour expliquer cet accroc aux positions habituelles du PS.
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Les vrais chiffres du budget du ministère de la Culture pour 2013
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Abonnez-vous dès 1 €Aurélie Filippetti - © Photo Fondapol - 2009 - Licence CC BY-SA 2.0