Près d’une vingtaine de parures en plumes des Indiens d’Amazonie ont été saisies à Drouot tandis qu’une quarantaine d’autres ont été retirées d’une vente faute d’autorisation.
PARIS - Le 8 décembre, la brigade mobile d’intervention de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, aussi appelée brigade « Cites-capture », basée à Chambord (Loir-et-Cher), s’est rendue à l’hôtel Drouot, à Paris. « La diffusion d’informations a attiré notre attention », lance Ismaël-Alexandre Costa, le chef de la brigade. Accompagnée d’un expert près la cour d’appel, la brigade est entrée en salle 2 où étaient exposés par la SVV Binoche & Giquello près de 300 objets d’Indiens, dont environ la moitié provenant d’Amazonie, à vendre aux enchères le lendemain. Près de vingt accessoires en plumes ont été saisis et une enquête judiciaire a été ouverte pour établir leur ancienneté afin de déterminer la légalité de leur commerce par rapport aux espèces d’oiseaux protégées car menacées d’extinction. En résumé, il est permis de vendre des plumes s’il est prouvé qu’elles datent d’avant 1975 ou que les spécimens ont été produits en captivité sous certaines conditions. Les pièces exposées à Drouot étaient pourtant munies du précieux sésame, le certificat « Cites » relatif à la Convention de Washington de 1975. Mais leur ancienneté est contestée par l’expert judiciaire. La maison de ventes prétend que, pour obtenir les « Cites », elle a fait appel à un spécialiste des oiseaux (Jacques Cuisin, en poste au Muséum d’histoire naturelle à Paris), et conclut à un conflit d’experts.
Mais il existe un autre problème. Une quarantaine de pièces cataloguées ne disposaient pas du document « Cites », à cause d’un « retard administratif », plaide la maison de ventes, et ne pouvaient donc pas être vendues. Ces lots décorés de plumes étaient conservés dans les réserves de l’hôtel des ventes, « parce que l’on croyait qu’on aurait les "Cites" le jour de la vente », avance Alexandre Giquello, le commissaire-priseur en charge de la vente. Or, selon des témoins, elles auraient été non seulement visibles sur demande, dans une partie du bâtiment où le public n’est normalement pas autorisé à circuler, mais elles auraient aussi été offertes en vente privée. Ce que dément la maison de ventes. Une enquête est en cours. « Dès que l’on aura récupéré tous les "Cites" arrivés tardivement, nous mettrons toutes les pièces en ventes. Nous avons tous les clients pour cela », affirme le commissaire-priseur Jean-Claude Binoche. Ce dernier avait déjà rencontré des problèmes du même genre avec la dispersion de la collection Isy-Schwart d’objets en plumes amazoniennes en 2006. Décidément, les plumes, ce n’est pas son truc.
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Une vingtaine de parures en plume saisies à Drouot
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Abonnez-vous dès 1 €Masque Ype - Indiens Tapirape, Rio Tapirapé, État du Mato Grosso, Brésil - Estimation. : 8 000 / 10 000 € - Vente à Drouot Richelieu, le 9 décembre 2011 - SVV Binoche et Giquello - © photo courtesy
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°359 du 16 décembre 2011, avec le titre suivant : Une vingtaine de parures en plume saisies à Drouot