À travers 150 peintures, dessins, photographies, vidéos, sculptures, masques, parures et momies en plumes provenant des cinq continents, la Fondation Cartier aborde, dans un parcours visuel et sonore, l’image onirique et symbolique des oiseaux. Un regard croisé entre l’art ancien et contemporain, mais aussi un dialogue inattendu avec les arts primitifs.
PARIS - Depuis les mythes antiques (la chute d’Icare, l’enlèvement de Ganymède... ) jusqu’aux mythologies amérindiennes, le thème des oiseaux est présent dans toutes les civilisations. Métaphore du surnaturel, symbole de l’au-delà et de la beauté, l’oiseau ne pouvait que fasciner les artistes. Ni "ornithologique", ni historique, l’exposition s’attache plutôt à mettre en relation des créations plastiques et sonores d’origines très différentes.
Organisée autour des thèmes de la couleur, des formes, du vol, de la musique, de la plume, de la volière et de l’homme-oiseau, les œuvres se répondent et s’entrecroisent dans un univers onirique. À côté des oiseaux-machines de Panamaremko ou de Rebecca Horn, des parallèles insolites s’établissent entre les sculptures de Calder, Brancusi ou Picasso et un phénix en bois chinois ou un corbeau en os Inuit. Quant aux images de l’oiseau, elles se déclinent aussi bien en peinture (Max Ernst, Paul Klee, Basquiat...) qu’en photographie (Edward Weston, Jean-Luc Mylayne…). Des chorégraphies de Merce Cunningham, des dessins de Louise Bourgeois évoquent le vol. Le thème de la volière réunit une pièce sonore d’Erik Samahk faisant écho à une œuvre de Marcel Duchamp et à une cage africaine.
Chaque époque ou culture possède ses propres représentations, des concerts d’oiseaux allégoriques de Frans Snyders ou Jan Brueghel, à la symbolique des masques d’Afrique, d’Océanie ou d’Alaska en passant par les planches scientifiques illustrées d’oiseaux exotiques du XVIIIe siècle. Dans ce chassé-croisé, l’art de la plume est montré à travers des parures d’Amazonie et des momies péruviennes, ou par l’Alphabet de plume d’Annette Messager.
Certaines correspondances sont heureuses, par exemple entre le poétique collage de plumes de Jacques Barraband (1768-1809) et les tableaux de Miró. Mais surtout, le caractère exceptionnel et inédit des objets qui a présidé au choix des œuvres – la plupart d’entre elles appartiennent à des collections privée – permet de découvrir des "curiosités", tels un ibis momifié "minimaliste" ou un rare petit film inconnu en France du photographe américain Edward S. Curtis.
Les chants des oiseaux s’agitant dans la volière de Jean-Pierre Raynaud répondront à des chants disparus ou imaginaires. L’exposition s’achèvera sur la célèbre photographie d’Yves Klein, l’Envol absolu.
COMME UN OISEAU, du 19 juin au 13 octobre, Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 bd Raspail, 75014 Paris, tlj sauf le lundi de 12h-20h. Nocturne le jeudi. Catalogue collectif, coédition GalliÂmard/Electa, 208 p. 150 ill., 250 F.
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Le Masque et la Plume
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°26 du 1 juin 1996, avec le titre suivant : Le Masque et la Plume