PARIS
Jean de Loisy, nouveau président du Palais de Tokyo, dévoile les grandes lignes de sa direction artistique.
Jean de Loisy a pris en juin la présidence de la nouvelle structure du Palais de Tokyo pour une période de cinq ans.
Roxana Azimi : Pourquoi avez-vous accepté la présidence du Palais de Tokyo, après avoir, dans un premier temps, refusé la direction artistique du lieu ?
Jean de Loisy : Olivier Kaeppelin, alors en charge de la définition du futur Palais de Tokyo, m’a en effet proposé d’en envisager la direction artistique. Cette confiance m’a touché. Nous n’avons pas eu le temps de conclure cette conversation. Accepter cette présidence me permet d’affirmer que les contenus produits par une institution vont au-delà de son programme d’expositions. Toutes les apparences et manifestations du Palais, son espace, ses boutiques, ses expositions, son graphisme, ses éditions, ses restaurants ; tous ces aspects et les comportements qu’ils engendrent seront marqués par la présence et l’implication des artistes. Cette mission peut me permettre de démontrer la capacité transformatrice des artistes dans l’organisation générale de notre société. D’un point de vue plus personnel, après trente ans passés à débusquer et imposer des talents, à faire des expositions destinées à montrer que la création d’aujourd’hui est aussi essentielle que celle d’hier, alors que la République nous offre le plus bel outil destiné à la création depuis le Centre Pompidou en 1977, et les Frac [Fonds régionaux d’art contemporain] en 1982, ce serait nier mon propre parcours que de ne pas vouloir être dans cette aventure.
R.A. : Pourquoi le ministère de la Culture vous a-t-il attribué la double casquette de président et de directeur, alors qu’il penchait jusque-là sur un partage des rôles ?
J.D.L. : Mon activité internationale de commissaire m’a donné une légitimité pour donner une orientation artistique à l’ensemble du projet. Je n’ai pas de comportement tribal en ce qui concerne les tendances esthétiques du moment, je suis dans la transmission, le partage et l’engagement.
R.A. : Quelles garanties avez-vous obtenues ?
J.D.L. : La première garantie indispensable est la confiance réciproque. J’ai reçu celle de Frédéric Mitterrand [ministre de la Culture] et celle du directeur général de la Création artistique [Georges-François Hirsch]. Les autres garanties concernent l’accord sur les missions : mettre en valeur la scène française dans un contexte international, pouvoir établir un dialogue avec des institutions françaises et étrangères, monter des partenariats aussi bien avec un musée patrimonial comme le Louvre qu’avec une école d’art en régions, un Frac, une Kunsthalle ou un grand musée étranger.
R.A. : Quel budget de fonctionnement avez-vous en tête et quel type de mécénat allez-vous essayer de lever ?
J.D.L. : J’espère parvenir à un budget de 12 millions d’euros. Les statuts de la SAS [société par action simplifiée] ont été validés. La création de cette nouvelle société est une innovation formidable pour une institution nationale. Le Palais de Tokyo va être ainsi, en dépit de son agrandissement, rapide et réactif. Nous allons chercher des partenariats en privilégiant les démarches conduites par des sociétés qui inventent de nouvelles façons de faire leur métier. L’image du Palais de Tokyo est très recherchée dans le monde de l’entreprise, c’est le lieu où l’on aimera être pour comprendre les mutations de notre société et affirmer qu’on y participe, mais surtout c’est le lieu où se fait le lien entre les artistes et la société civile.
R.A. : Ferez-vous appel à des commissaires d’exposition extérieurs ?
J.D.L. : Un tiers de notre programme sera conçu par des créateurs. Un autre tiers sera confié à de jeunes curateurs ou à des personnalités plus confirmées qui n’ont pas eu l’occasion de s’exprimer en France. L’objectif n’est pas d’afficher une proportion mais de trouver d’autres façons d’envisager ce qu’est une exposition. Enfin nous accueillerons dès 2012 la Triennale, confiée cette fois-ci à Okwui Enwezor, accompagné par quatre jeunes mais expérimentés curateurs français.
R.A. : Que devient le Pavillon [laboratoire de création du Palais de Tokyo] dans ce dispositif ?
J.D.L. : Le Pavillon est un élément important qui a fait apparaître de nombreux nouveaux artistes. J’aimerais que leur présence au sein du Palais soit plus lisible et que les curateurs invités prennent encore plus part à nos travaux. C’est aussi l’opinion de son responsable, Ange Leccia. On s’y met.
R.A. : L’exposition « Le Prestige », que devait organiser Marc-Olivier Wahler, est-elle toujours au programme alors que ce dernier quitte ses fonctions de directeur du Site de création contemporaine en décembre ?
J.D.L. : Le Palais va fermer en janvier 2012 pour rouvrir courant avril. Le planning des travaux ne permettra pas à cette exposition d’avoir lieu. Mais Marc-Olivier réalisera pour le Palais un projet en partenariat avec le MOCA (Museum of Contemporary Art) de Los Angeles, grâce à l’initiative d’une fondation californienne qui se consacre à la promotion de l’art français, « FLAX ». Cette exposition aura lieu au mythique Barnsdall à Los Angeles en décembre 2012. L’idée est que le Palais de Tokyo commence une politique d’opérateur international au service de la scène hexagonale.
R.A. : Allez-vous travailler avec les artistes qu’Olivier Kaeppelin avait contactés lorsqu’il était aux manœuvres ?
J.D.L. : Olivier réalisera probablement les projets qu’il avait pour le Palais à la Fondation Maeght [à Saint-Paul de Vence, à la direction de laquelle il a été nommé en mai]. Il n’est pas exclu qu’une exposition soit d’ailleurs organisée en partenariat. Quelques-uns des artistes qui l’intéressent me concernent aussi.
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Jean de Loisy, président du Palais de Tokyo
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°351 du 8 juillet 2011, avec le titre suivant : Jean de Loisy, président du Palais de Tokyo