Grâce à une recette inchangée, peu d’exposants mais les meilleurs dans la spécialité et un colloque scientifique de haute volée, le Salon du dessin fait autorité en la matière.
PARIS - Le Salon du dessin ouvre ses portes pour sa 26e édition au palais Brongniart du 22 au 27 mars. Créé à l’initiative d’une poignée de marchands en 1991, il est l’unique salon au monde consacré exclusivement à ce médium. Au fil des ans, il a su s’imposer comme « LE » rendez-vous des amateurs et conservateurs des plus grands musées, son colloque scientifique n’étant pas étranger à cette renommée.
Chaque année, l’événement rassemble 39 exposants, un chiffre stable puisque l’espace du palais Brongniart ne peut en accueillir davantage. En 2017, 23 des participants sont français quand 16 viennent de l’étranger. Le turnover est fixe (20 %). Huit marchands étaient absents en 2016 : pour certains, comme Antoine Tarantino (Paris) ou Carlo Virgilio (Rome), il s’agit d’un retour. En revanche, c’est une première participation pour Reginart Collections (Genève) ou Michel Descours, lequel a également fait son entrée à Tefaf (The European Fine Art Fair) à Maastricht. « Notre participation s’inscrit dans la nouvelle dynamique de la galerie qui souhaite élargir sa présence dans les rendez-vous internationaux pour aller à la rencontre de la clientèle. L’idée est de donner une meilleure visibilité à Lyon afin que les amateurs prennent conscience de la richesse et des ressources de cette ville », explique Mehdi Korchane, de la galerie.
Le salon accueille par ailleurs pour la première fois une galerie chinoise, certes dirigée par un Français, Hadrien de Montferrand. « J’ai décidé de faire ce salon car il est le plus prestigieux dans ce domaine. Les artistes chinois reçoivent une formation académique très poussée, alors c’est un bon moyen pour la galerie de montrer à un nouveau public que l’art chinois contemporain est autre chose que des images de “gros bébés roses” ou de post-pop. »
Mais certains ne sont pas revenus, à l’exemple de Marlborough, Le Claire Kunst (Hambourg), Stephen Ongpin (Londres), Jacques de la Béraudière, Bob Haboldt ou encore Franck Prazan (Paris) : « N’ayant pas le don d’ubiquité et Art Basel Hong Kong étant programmée exactement aux mêmes dates (du 23 au 25 mars), j’ai été contraint de faire un choix négatif. »
Si à ses débuts le salon exposait exclusivement ou presque des dessins anciens, il s’est ouvert depuis aux feuilles modernes puis contemporaines. « Sur les 1 200 dessins exposés, 50 % environ sont anciens, 40 %, modernes et 10 %, contemporains », avance Louis de Bayser, président du salon. Côté prix, l’éventail est très large : « de 3 000 à 800 000 euros, en sachant que certaines feuilles Renaissance ou modernes peuvent aller au-delà. En moyenne, le prix des transactions se situe aux alentours de 30 000 euros », précise-t-il.
Des Têtes XVIe-XVIIe
Parmi les œuvres remarquables de cette édition figure une rare feuille Renaissance réalisée par un élève de Dürer, une Tête de vieillard barbu de Hans Baldung Grien, datée du XVIe siècle et présentée par la galerie londonienne Jean Luc Baroni Ltd (au-delà de 500 000 €). De même, la galerie parisienne Marty de Cambiaire montre un dessin académique du Cavalier d’Arpin, Un homme assis, vu de dos, Italie, fin XVIe-début XVIIe, tandis qu’Art Cuéllar Nathan (Zurich) expose une sanguine de Tiepolo, Tête de jeune homme.
Nombreuses sont les œuvres du XIXe siècle, comme chez Terrades (Paris) qui présente un pastel d’Élisabeth Vigée Le Brun, La Dent de Valère et le Rhône depuis les environs de Saint-Maurice, 1807 (45 000 €), quand de Bayser apporte un Saint François d’Assise (1842) d’Ingres (40 000 €). Talabardon & Gautier (Paris) met elle à l’honneur Le Poète persan, vers 1886, de Gustave Moreau (autour de 600 000 €), un dessin provenant de la collection Antony Roux, mécène de l’artiste, tandis que la galerie new-yorkaise Jill Newhouse montre un paysage au fusain de Corot (autour de 75 000 €).
Du côté des modernes, Hélène Bailly (Paris) présente une des dernières œuvres figuratives de Marcel Duchamp, datée 1912, Jeune femme au corset à ruban bleu, la galerie Brame et Lorenceau (Paris) vient avec une gouache de Sonia Delaunay, Rythmes colorés, un projet pour un grand panneau exposé au XVe Salon des Tuileries.
Les œuvres contemporaines sont visibles sur le stand de la galerie Antoine Laurentin (Paris) avec entre autres une feuille de Jean Dubuffet, Situation CXXIII, 1979 ; chez Aktis Gallery (Londres) avec une encre sur papier (2000) de Zao Wou-ki, et bien sûr chez Hadrien de Montferrand qui a apporté les œuvres des artistes chinois T’ang Haywen, Lu Chao, Chen Han et Mao Yan.
Entrée du Salon du dessin au Palais Brongniart © photo Thibaut David
Sonia Delaunay, Rythmes coloreÌs, projet pour le grand panneau exposeÌ aux Tuileries en 1938-1939, gouache et crayon sur papier, 39 x 46,5 cm. © Bramet et Lorenceau.
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Indétrônable Salon du dessin
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Abonnez-vous dès 1 €Du 22 au 27 mars, palais Brongniart, place de la Bourse, 75002 Paris, www.salondudessin.com, tlj 12h-20h, entrée 18 €.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°475 du 17 mars 2017, avec le titre suivant : Indétrônable Salon du dessin