Lieux de surprises et de découvertes, les jeunes galeries conviées à la foire apporteront cette année encore un vent de fraîcheur.
Regroupées au premier étage du Grand Palais, les plus jeunes enseignes exposant à la Fiac sont toujours l’occasion de se confronter à des propositions diversement heureuses, qui néanmoins « rafraîchissent » l’atmosphère par leur dynamisme et, pour les plus engageantes, leur originalité.
Nouvel entrant à la foire, Christian Andersen (Copenhague) propose un dialogue entre sculptures et dessins de deux artistes allemands, Benjamin Hirte et Till Megerle. Leurs œuvres s’entremêlent en une véritable conversation tant leurs pratiques révèlent des préoccupations communes et offrent des qualités complémentaires. Les pièces murales du premier, composées de fragments de tuyaux auxquels s’agrègent d’autres objets, imposent une forme de corporalité et de mouvement sans pour autant devenir des figures. Les dynamiques dessins du second, pour la plupart exécutés au stylo et au correcteur blanc, cherchent eux aussi une énergie primaire à la croisée de plusieurs types d’imagerie.
Impétrante et nordique également, la galerie VI, VII (Oslo) présente elle aussi un dialogue grâce aux travaux exécutés à quatre mains par deux artistes norvégiens donnant dans l’abstraction, Ida Ekblad et Eirik Sæther. Leurs œuvres intrigantes incluent de la peinture et des fragments d’éviers en acier. Les rejoignent les nouvelles sculptures d’Eloise Hawser et des travaux de l’Américain Than Hussein Clark qui flirtent volontiers sur la limite entre sculpture, design et mobilier.
Projets personnels
Chez Office Baroque (Bruxelles), c’est l’Américain Matthew Brannon qui officie sur tout le stand avec un solo show et des œuvres dans lesquelles il s’ingénie à recycler dans des impressions de format divers des objets du quotidien jetables tels des menus, affiches ou publicités. De son côté, Plan B (Cluj, Berlin) annonce des valeurs sûres de sa galerie avec une série de dessins récents de l’imparable Ciprian Muresan, et des œuvres de Navid Nuur et un nouveau tableau d’Adrian Ghenie. La galerie propose aussi une redécouverte avec une sculpture historique de l’artiste roumain Horia Damian (1922-2012), qui œuvra beaucoup autour de l’idée du monument.
Côté français, la New Galerie (Paris, New York) promet un accrochage de l’Américain Artie Vierkant, qui interroge la propriété intellectuelle et les modes d’appropriation contemporains à travers notamment la collaboration engagée avec un producteur de filtres à air.
Autre projet personnel, celui de Benoît Maire sur le stand de Cortex Athletico (Paris, Bordeaux), qui souhaite créer là une plateforme pouvant rendre compte de l’ensemble de ses récents projets exposés dans diverses institutions européennes.
Chez Gaudel de Stampa (Paris), les explorations tant iconographiques que techniques de Dove Allouche, tout en sobriété noire et blanche, prennent langue avec les abstractions des plus énergiques et colorées de Jessica Warboys et d’Emil M. Klein. Crèvecœur met logiquement à l’honneur Florian et Michaël Quistrebert, nommés cette année pour le prix Marcel Duchamp ; ils présentent de nouvelles peintures aux puissants effets optiques aux côtés d’une installation vidéo de Shana Moulton – celle-ci avait habité l’année dernière au même endroit un formidable stand. Nouvelle participante, la galerie Mor.Charpentier (Paris) vient avec les questions de territoire soulevées par une vidéo de Lara Almarcegui et des photos de Teresa Margolles.
Poteries anatoliennes
Du côté des dix galeries sélectionnées cette année pour le Prix Lafayette, six présentent des expositions personnelles. Triple V (Paris) laisse la parole à la peinture abstraite de Nicolas Roggy : ses motifs répétitifs engendrent souvent une circulation dans la toile avant que ne survienne un accident, défiant ainsi toute idée d’ordre désiré ou entretenu au-delà de l’apparente géométrie.
Parisa Kind (Francfort-sur-le-Main) expose une série de nouvelles sculptures de Lena Henke, fondées sur l’idée de transmission d’une iconographie. L’artiste a fait siens des motifs de sculptures décoratives de Joseph Kiselewski créées pour un complexe d’habitations du Bronx, à New York, qu’elle transpose sur des feuilles de plastique translucide avant de les gonfler en volume et de les accrocher au mur, créant ainsi une étrange sensation à la fois de distance et de proximité.
Chez SpazioA (Pistoia, Italie), l’Allemande Esther Kläs s’intéresse à la temporalité d’une performance, en particulier ses préliminaires, et revient sur ce moment à travers la confrontation silencieuse de deux sculptures. Tandis que chez Chert (Berlin) l’artiste suisse Vanessa Safavi propose une installation dans laquelle s’intercalent, entre des poteries anatoliennes qui semblent anciennes, des sacs en plastique froissés qui viennent en perturber l’ordonnancement. S’y ajoutent des sonorités dites « Autonomous Sensory Meridian Response », plus vulgairement dénommées « orgasmes du cerveau », qui en réponse à un stimulus visuel, olfactif ou auditif provoquent une sensation au niveau du crâne le plus souvent ; une manière d’interroger les temporalités entre préservation des cultures anciennes et prétendues promesses d’un futur immatériel et sans limite.
Antoine Levi (Paris) joue quant à lui des contrastes entre les œuvres pratiquant l’autoréférence et à l’aspect presque minimaliste de l’Italien Francesco Gennari et la sculpture bien plus fantaisiste et attachée à son environnement de Sean Townley. Contrastes également chez RaebervonStenglin (Zurich), mais portant moins sur l’aspect formel, entre l’Australien David Keating et l’Allemand Alexander Wagner ; si tous deux adoptent un vocabulaire très construit et rigoureux avec un penchant géométrique non dissimulé, le premier le développe à travers la sculpture, en acier le plus souvent, quand l’autre use de différents modes d’expression picturale.
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Les jeunes bousculent la Fiac
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°421 du 17 octobre 2014, avec le titre suivant : Les jeunes bousculent la Fiac