Première rétrospective en Amérique du Nord, l’exposition extensive consacrée à Tom Wesselmann, quatrième mousquetaire du pop art, a tout pour séduire.
Y sont présentés, parmi les meilleures œuvres de l’artiste, des inédits sortis de sa succession, nombre de travaux préparatoires insoupçonnés, soit cent quatre-vingts trésors, dont soixante-quinze peintures en tout. Si tout commence en terrain conquis avec les grands nus des années 1960, ce que pointent avec brio le commissariat de Stéphane Aquin (conservateur maison) et le spécialiste du pop Marco Livingstone, c’est la préoccupation permanente de Wesselmann à entrer dans l’histoire de l’art, et ce, dès ses prémices.
Très vite, son analyse critique des genres en peinture rebat les cartes du nu, de la peinture d’histoire, du paysage, des natures mortes, le tout animé par la présence du dessin qui laisse presque imaginer la lecture de Vasari. On dépasse ainsi la facilité joyeuse du pop tout en s’expliquant l’absolu désintérêt de Wesselmann pour le politique et les choses de l’histoire sociale. L’artiste est un homme d’atelier, affairé, oublieux du monde pour mieux entrer dans l’histoire de l’Art qu’il admire. D’ailleurs, sa femme et lui ont gardé parmi ses meilleures pièces dans la collection familiale, constituant un fonds cohérent et complet. Signe de ce désir absolu de postérité qui conduisit même le peintre à devenir son propre historien sous le nom d’emprunt de Slim Stealingworth au début des années 1980.
Certains moments du parcours claquent à la perfection comme celui qui réunit un immense relief de 1973, Still Life n° 60, et une profusion de bouches fumeuses et sexy, une salle féminine à l’excès. Entre bouches incarnates découpées et volutes de cigarettes, Wesselmann assume un univers démesuré et une brillante réflexion sur l’art. Et d’enchaîner sur un cabinet graphique jubilatoire avant de poursuivre vers les travaux moins populaires qu’il crée à partir des années 1980. Jusqu’au retour à l’abstraction, son premier fantasme non assumé de jeune peintre. Au-delà du pop promet cette monographie, et bien plus encore donc.
Musée des beaux-arts de Montréal, 1380, rue Sherbrooke Ouest, Montréal (Canada), www.mbam.qc.ca
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Wesselmann - Pop et classique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°648 du 1 juillet 2012, avec le titre suivant : Wesselmann - Pop et classique