Photographie - 1968-1986 : le cadre chronologique de la nouvelle exposition du Pavillon populaire ne doit rien au hasard, cette période ayant été marquée, en France, par le règne de trois grandes agences photo (Gamma, Sygma et Sipa), par la reconnaissance de la photographie comme un art et par une effervescence artistique et intellectuelle particulièrement riche.
« Des années marquées aussi par de “profondes divisions et rivalités”, souligne Gilles Mora, directeur artistique du Pavillon populaire, à l’origine de l’exposition et bien au fait des conflits violents de ce temps pour les avoir vécus en tant que photographe et cofondateur des Cahiers de la photographie. D’où son choix « de laisser l’espace d’une à deux générations pour en rendre compte avec lucidité et impartialités » et de confier cette radiographie à l’universitaire Michel Poivert et à la jeune historienne de l’art, elle aussi spécialiste de photographie, Anna Grumbach. Leur approche thématique réduit de fait à néant les clivages entre genres et pratiques du médium pour se concentrer uniquement sur la variété des esthétiques et les approches de l’information, du corps, du paysage ou de l’exploration du quotidien. Cinquante ans plus tard, elles n’ont pas perdu une once de leurs teneur, audace et créativité. Le tout dans une mise en dialogue fluide et des rapprochements inattendus à résonances multiples que l’on savoure. Tels celui de Pascal Kern, Denis Brihat, Jean-Marc Bustamante et Claude Batho, Suzanne Lafont et Patrick Faigenbaum ou Florence Chevallier et Yves Trémorin. Un retour sur une période de la photographie en France qui ramène aussi sur le devant de la scène des photographes trop peu exposés aujourd’hui comme Despatin & Gobeli ou des travaux moins connus d’artistes comme la série du Dimanche matin d’Alain Bublex. Pas moins de 240 œuvres, 70 photographes et une quarantaine de prêteurs pour cette exposition qui fera date par son propos et par la visibilité donnée à une scène française qu’aucun grand musée national n’a encore pris la peine d’explorer, et, par voie de conséquence, de valoriser.
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Une période charnière pour la photo en France
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°760 du 1 décembre 2022, avec le titre suivant : Une période charnière pour la photo en France