Musée

Une exposition tant attendue

Par Olivier Michelon · Le Journal des Arts

Le 2 juillet 1999 - 484 mots

Le Museon Arlaten, un des premiers musées d’ethnographie français, célèbre son centenaire en invitant l’Arlésienne. Autre symbole méridional, l’olivier est fêté à Draguignan, tandis que le machinisme agricole est questionné à Saint-Pierre-de-Bresse. Voici une sélection d’expositions estivales.

En 1899, le poète Frédéric Mistral, ardent défenseur de la Provence et de sa langue, lègue au département des Bouches-du-Rhône les collections du Museon Arlaten qu’il avait créé en 1886. Un siècle plus tard l’Arlésienne se décide enfin à y faire une apparition. Muse littéraire, artistique et musicale, elle est d’abord un référent identitaire, avant de cristalliser autour d’elle l’imaginaire régionaliste provençal créé par Mistral. En réunissant près de trois cents œuvres du XIXe siècle et du début du XXe siècle, le temple de la culture occitane, un des premiers musées d’ethnographie régionale, explore la formation d’un mythe. Exaltées par les félibres – les jeunes poètes provençaux –, les “plus belles filles du monde” sont, sous leur plume, promises à une belle carrière d’héroïne littéraire, comme chez Mistral ou Alphonse Daudet. Idéal de beauté, l’Arlésienne se retrouve tout naturellement au centre de nombreuses représentations, scientifiques et bien sûr artistiques, nourries, entre autres par Mirèio (Mireille), poème épique écrit en 1859 par le prix Nobel occitan. Des peintures de maîtres régionaux – Félix Ziem ou Augustin Dumas, par exemple – ou académiques, de passage dans la ville antique – Achille Deveria – , illustrent cette fascination dans un accrochage qui, en novembre, sera remplacé par des visions plus modernes : Gauguin, Van Gogh. Théâtre, opéra et cinéma prennent ensuite le relais du mythe qui finit par devenir proverbial. Le charme de la deuxième “Vénus d’Arles” est aussi présent dans la mode, puisque Christian Lacroix habille pour l’occasion la façade de l’hôtel de Laval-Castellane.

Autre fierté méridionale et source d’inspiration pour Mistral, l’olivier fait l’objet, à Draguignan, d’une exposition abordant le développement de sa culture, les différentes utilisations de son fruit, ainsi que l’évolution technique et industrielle de l’oléiculture jusqu’à nos jours. L’agriculture n’est pas immuable, telle est la leçon donnée par l’Écomusée de la Bresse bourguignonne, qui, à travers une soixantaine d’affiches, une dizaine de maquettes, des textes et des documents, s’interroge sur les bouleversements induits par le développement du machinisme agricole depuis le XIXe siècle. Implanté dans une région de tradition paysanne, l’établissement offre une lecture technique et humaine de la révolution agricole.

L’ARLÉSIENNE : LE MYTHE ?, 3 juillet-30 janvier, Museon Arlaten, 29 rue de la République, 13200 Arles, de juin à août : tlj sauf lundi (tlj en juillet) 9h30-13h et 14h-18h ; septembre : 9h30-12h30 et 14h-18h ; octobre-janvier : 9h30-12h30 et 14h-17h. - L’OLIVIER EN TERRE VAROISE, exposition permanente, Musée des arts et traditions populaires, 15 rue Roumanille, 83300 Draguignan, tlj sauf dimanche matin et lundi 9h-12h et 14h-18h. - AFFICHES, MAQUETTES ET MACHINES AGRICOLES, jusqu’au 24 décembre, Écomusée de la Bresse bourguignonne, château, 71270 Pierre-de-Bresse, jusqu’en octobre : tlj 10h-19h, puis 14h-18h.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°86 du 2 juillet 1999, avec le titre suivant : Une exposition tant attendue

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