PARIS
L’art et l’engagement politique vont souvent de pair. Des artistes du XXe siècle, par leur implication directe dans le parti communiste ou par simple sympathie, ont inscrit leurs œuvres dans l’histoire des luttes sociales.
Paris. C’est une histoire différente. Pas tout à fait celle que l’on trouve dans les ouvrages qui traitent des différents mouvements artistiques qui ont traversé le XXe siècle. Le parcours dans l’espace imposant d’Oscar Niemeyer, siège du Parti communiste français, reflète « les rencontres entre les artistes plasticiens et le PCF ». Issus des fonds constitués dans les années 1970-1980, auxquels s’ajoutent des prêts, les travaux sont un rappel que « la culture et l’art sont au cœur des luttes sociales ». Nombreux, en effet, sont les groupes d’artistes qui ne se cantonnent pas seulement dans leur rôle déterminé et bien défini de plasticiens, mais réagissent également en tant que citoyens qui croient dans l’impact de leur pratique sur la société.
Les commissaires, Yolande Rasle et Renaud Faroux, ont réuni essentiellement des toiles d’artistes qui ont adhéré au parti communiste – Fernand Léger, André Fougeron, Édouard Pignon, Pierre Buraglio –, mais aussi de ceux qui ont partagé ses préoccupations. Si la qualité des œuvres est inégale, le grand mérite de l’exposition est de permettre de redécouvrir des groupes que l’histoire de l’art, dominée par la perspective avant-gardiste, a négligés, voire occultés. Plus que suivre un parcours vaguement chronologique, il est préférable de déambuler dans l’espace de l’exposition et de se laisser surprendre.
La présence de l’art figuratif est frappante ; les quelques toiles d’Auguste Herbin, Jean Messagier, André Marfaing, un peu perdues, rappellent le rapport difficile entre les dirigeants du parti et l’abstraction. Parmi les artistes proches du réalisme socialiste, les plus marquants sont Édouard Pignon, Boris Taslitzky – avec l’immense La Mort de Danielle Casanova, 1949 – ou encore André Fougeron. Avec ces œuvres spectaculaires, en quelque sorte une version contemporaine de la peinture d’histoire, la composition classique est au service du sujet.
C’est surtout la Figuration narrative et des artistes qui sont associés à cette mouvance qui a droit à tous les honneurs ici. Pour Gilles Aillaud, Eduardo Arroyo, Antonio Recalcati et d’autres jeunes artistes, qui sont souvent passés par le Salon de la jeune peinture, il s’agit de dénoncer la conception selon laquelle la figuration ne s’accorde pas avec la modernité. Ce parti pris esthétique, qui rapproche le langage artistique de celui de la communication de masse, refuse l’idée, mise en valeur par Theodor W. Adorno, que seule une forme qui transgresse les normes esthétiques dominantes met le système en danger. Ainsi, la coopérative des Malassis, un collectif qui regroupe Henri Cueco, Lucien Fleury, Jean-Claude Latil, Michel Parré, est représentée par un détail de Grand Méchoui (1972), cette « fresque » monumentale fabriquée à partir d’un assemblage de toiles – une critique féroce du pouvoir. Ailleurs, c’est L’Escalade d’Henri Cueco (1973-1974), avec sa meute de chiens qui envahit la cité. Ce sont aussi les étranges et les poétiques visions d’Olivier O. Olivier, membre du groupe Panique (Suerte de varas, 2003). Même si parfois les artistes n’échappent pas à un certain académisme, les détracteurs de ce qu’on appelle la Nouvelle Figuration restent insensibles à l’idée qu’il s’agisse d’une figuration autre et non pas d’une simple régression.
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Une autre histoire de l’art écrite au sein du PCF
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°580 du 7 janvier 2022, avec le titre suivant : Une autre histoire de l’art écrite au sein du PCF