Un rêve trop court

Malgré le titre, le propos s’intéresse plus largement à tout ce qui se passe pendant ce temps d’endormissement, tels que les rêves, les apparitions, les oracles ou les cauchemars, et qui a fasciné les théoriciens et les artistes des XVe et XVIe siècles. Il aurait fallu bien plus d’une exposition pour explorer ce champ inépuisable, qui touche aussi bien à la politique qu’à la poésie, anime les débats philosophiques et médicaux bien avant Freud et puise dans les mythes grecs autant que dans les récits bibliques.

En moins de quatre-vingts œuvres, l’exposition tente de dresser un panorama dans un (court) circuit qui mêle lieux et années de création, mythologie et religion chrétienne, la nuit comme image de la mort (tombeau de Julien de Médicis), lieu de visions terrifiantes (visions apocalyptiques), mais aussi d’inspiration poétique et de prophéties politiques (Le Rêve de Pharaon de Pellegrino di Mariano Rossini, vers 1440). Ainsi le Christ endormi dans la Sainte Famille (Agnolo di Cosimo, 1538-1540) côtoie l’Apollon endormi (Lorenzo Lotto, 1530) ou encore un Memento Mori (anonyme, vers 1530). Le fond théorique sur lequel s’appuie l’exposition, passionnant et conséquent, oblige à de longs textes de salles surchargés de références. Le sommeil se ferait sentir, si ce n’était la beauté des œuvres choisies.