Exposition - Parler au cœur des gens : c’est l’espoir de l’exposition « Les peintres du Cœur-Sacré » que propose le Musée Frieder Burda à Baden-Baden, une des onze villes thermales européennes inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco l’an dernier, à quelques kilomètres de la frontière.
Les peintres présentés dans l’exposition ont en commun d’avoir été soutenus et collectionnés par Wilhelm Uhde, qui fut aussi le marchand de Braque et Picasso. Celui-ci organisa en 1928 une exposition d’artistes autodidactes, « Peintres du Cœur-Sacré », qui peignaient des paysages, des animaux, des fleurs et des fruits ou encore de saisissants portraits. Ce « cœur sacré » du monde se déploie tout au long de l’exposition, d’une toile à l’autre. On s’émerveille devant les peintures d’Henri Rousseau, dont on oublie parfois qu’il était un « douanier » qui contrôlait les entrées des boissons alcoolisées à Paris – Le lion, ayant faim, se jette sur l’antilope a quitté la Fondation Beyeler à Bâle pour l’occasion –, comme face aux arbres et aux bouquets irradiants de Séraphine Louis, qui travaillait comme femme de ménage à Senlis. Ces deux-là semblent ici nous inviter à admirer les autres protégés, sans doute moins célèbres qu’eux, de Wilhelm Uhde. Les étranges personnages de Camille Bombois, qui fut garçon de ferme, lutteur de foire, employé de métro, nous ouvrent la porte d’un monde autre, nous projetant dans l’univers de ces acteurs de ballet ou de commedia dell’arte entrouvrant un rideau avant d’entrer en scène, scène qu’il figure sur un de ses tableaux, tandis que les animaux riants, les émouvantes scènes de villages ou les monuments parisiens de Louis Vivin, cet employé de poste qui exposait ses toiles à la Foire aux croûtes, avant qu’elles ne soient montrées en 1955 à la Documenta de Kassel, réveillent nos âmes d’enfants. Le parcours d’achève avec André Bauchant, jardinier dont les peintures inspirées par la mythologie furent collectionnées par Le Corbusier, et qui réalisa les costumes et les décors du ballet Apollon Musagète de Diaghilev ! Au fil des œuvres, Wilhelm Uhde nous a prêté son œil et donné un regard neuf sur le monde… Un ravissement.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°758 du 1 octobre 2022, avec le titre suivant : Un regard neuf sur le monde