Lançant le programme des célébrations prévues tout au long de l’année pour le bicentenaire de la naissance de Gustave Courbet (1819-1877), cette exposition se propose de lever les multiples ambiguïtés qui existent autour de l’œuvre dessiné de l’artiste.
Au terme d’un rigoureux travail d’analyse et de comparaison, d’anciennes et douteuses attributions ont été remises en cause, les dessins suspects ont été écartés, la valeur des signatures a été interrogée, les feuilles authentiques répertoriées et leur place par rapport à la peinture précisée. Défi délicat, tant ce pan de la carrière du géant franc-comtois est resté à l’écart et demeure encore sujet aux polémiques. Les soixante-quinze pièces présentées, classées en neuf thèmes, mettent en lumière l’affection persistante de Courbet pour le dessin, auquel il attribuait une fonction tour à tour formatrice, mémorielle, publicitaire, parfois porteuse d’un message politique. Il pratiquait peu l’esquisse préparatoire et considérait de nombreux dessins comme autonomes, les appelant même des tableaux. Il en exposa de son vivant, comme Femmes dans les blés de 1855, présenté au Salon de 1867. La diversité des motifs révèle une remarquable variété stylistique. Virtuose du fusain dont il exploitait à merveille les ressources (Un peintre à son chevalet), il maniait avec agilité la pierre noire, la craie blanche et la sanguine, alliant dans chaque composition robustesse et délicatesse. Courbet avait un rapport intime avec le support et employait beaucoup l’estompe et la gomme et aimait les rehauts. En partie à l’origine de ce projet, une vingtaine de dessins inédits de la collection du peintre genevois Émile Chambon sont réunis. Malgré leur intérêt historique, il est difficile de les reconnaître de la main de Courbet. Publié pour l’occasion et appelé à ouvrir la voie au futur catalogue raisonné, l’ouvrage rédigé par plusieurs spécialistes constitue une vraie somme. Le corpus à ce jour comprendrait environ deux cents dessins clairement identifiés. D’autres pourraient apparaître.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°722 du 1 avril 2019, avec le titre suivant : Un nouveau regard sur l’œuvre graphique de gustave Courbet