Un sanglot, un cri de révolte, une ode à la beauté de la vie. Ce sont des vers de Mahmoud Darwish, figure de proue de la poésie palestinienne, qui nous accueillent dans l’exposition « Pour un musée en Palestine », à l’Institut du monde arabe : « Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens. / Au ver à soie, nous dérobons un fil pour édifier un ciel qui nous appartienne… »
Édifier un ciel qui appartienne au peuple palestinien : c’est en effet l’espoir que porte la collection du Musée d’art moderne et contemporain en Palestine, dont une partie est donc offerte pour la deuxième année consécutive aux regards des visiteurs. Ce projet, porté par Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe, et Elias Sanbar, ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco, et coordonné par Ernest Pignon-Ernest, est fondé sur le principe d’une collection solidaire, constituée de dons d’artistes, peintres, sculpteurs, photographes, auteurs de BD, européens et arabes – ainsi, Claude Viallat, Robert Combas, Enki Bilal ou encore Hamed Abdalla. Si le musée a l’ambition de donner à un peuple opprimé l’accès à la beauté, ce projet, inspiré par le « Musée de l’exil » porté dans les années 1980 en Afrique du Sud par Ernest Pignon-Ernest, Carlos Saura et Jacques Derrida pour dénoncer l’apartheid, est aussi éminemment politique. Son ambition : s’implanter à Jérusalem et y devenir un lieu de réconciliation entre Israéliens et Palestiniens. Pour l’heure, dans les locaux de l’Institut du monde arabe, il exprime déjà un soutien de cette institution française et des artistes qui ont offert leurs œuvres au peuple des territoires occupés. Un vibrant plaidoyer pour la paix.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°712 du 1 mai 2018, avec le titre suivant : Un jour, un musée ouvrira en Palestine