Belgique - Art contemporain - Design

Un futur à construire et à rêver

BRUXELLES / BELGIQUE

Pour célébrer ses 10 ans d’activité, la Fondation Thalie invite l’art et le design à dessiner un avenir plus durable et désirable.

Bruxelles. La Fondation Thalie a 10 ans. Créée par Nathalie Guiot, cette structure s’est donné pour objectif d’accompagner des créateurs en rapprochant les artistes contemporains, les designers et les artisans autour des notions de savoir-faire et d’interdisciplinarité. La Fondation Thalie, c’est une collection, des résidences, des expositions, des rencontres à Bruxelles et à Arles. En 2020, il y a eu aussi « Créateurs Urgence Climat », une série de rencontres et de podcasts qui a réuni penseurs scientifiques, artistes et designers pour partager de nouvelles façons de concevoir et de penser la durabilité de nos objets et la transformation des modes de vie face aux défis du changement climatique.

Beauté et écologie

Dans cette exposition anniversaire, les commissaires Nathalie Guiot et Yann Chateigné Tytelman ont fait dialoguer des pièces de la collection avec celles de créateurs invités. Les œuvres de 37 artistes et designers sont répartis sur les deux étages de la maison Art déco qu’occupe la Fondation à Bruxelles.

La sculpture de Moffat Takadiwa qui ouvre l’expostion « Regenerative futures » est emblématique du propos. Avec son mandala confectionné à l’aide de touches des vieux ordinateurs qui s’entassent dans les décharges à ciel ouvert d’Afrique, l’artiste du Zimbabwe crée une forme organique qui évoque la régénération postindustrielle et le circuit des rebuts entre l’Occident et l’Afrique. Les associations qui naissent au fil des œuvres relèvent tantôt du sens, comme avec la vidéo épurée d’Ali Kazma sur le conservatoire mondial de semences dans le Svalbard (archipel norvégien) et le corail noir en céramique de Claudia Comte, tantôt de la forme, tels les subtils tissages colorés d’Edith Dekyndt et de Sidival Fila. L’invitation lancée à quatre designers magnifie l’attention portée au travail de la main et aux manières de faire. Il y a dans le travail de Tony Jouanneau et de Marlène Huissoud un équilibre fragile entre la beauté de la forme et la conscience écologique du matériau pour aller vers un autre type de production. Le premier a travaillé avec des artisans japonais pour s’inspirer de leurs traditions et il propose une utilisation innovante d’encres organiques, la seconde crée un mobilier sculptural avec des cocons de ver à soie et de la cire d’abeille.

Le collectif d’architecture bruxellois Bento, qui avait fait sensation avec le pavillon belge à la 18e Biennale d’architecture de Venise en 2023, a réalisé la scénographie avec des matériaux biosourcés et compostables. Leur intervention la plus impressionnante est l’arche créée in situ qui recèle un théâtre végétalisé de Thierry Boutemy à découvrir à travers un œilleton.

Si l’exposition vise à une prise de conscience, jamais le message n’est appuyé, il est plutôt incarné dans une pratique et une éthique de travail. « Le parcours a été pensé avec des objets et des images en portant attention à la poésie du geste et de la matière pour essayer d’éveiller les consciences sans renforcer l’éco-anxiété », résume ainsi Yann Chateigné.

Regenerative futures,
jusqu’au 28 septembre, Fondation Thalie, 15, rue Buchholtz, Bruxelles.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°633 du 10 mai 2024, avec le titre suivant : Un futur à construire et à rêver

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