FONDATION D’ART

La Fondation Thalie ferme son espace à Bruxelles

Par Gilles Bechet, correspondant en Belgique · Le Journal des Arts

Le 16 octobre 2024 - 528 mots

Dix ans après sa création, la fondation réoriente ses activités vers la production d’objets de design à partir de matériaux naturels ou recyclés.
Bruxelles. Ouverte au public en 2018, l’élégante maison Art déco qui était la vitrine bruxelloise de la Fondation Thalie ferme ses portes le 26 octobre, à l’issue de l’exposition « Regenerative futures ». Créée en 2014 par Nathalie Guiot, la fondation a tracé son chemin comme une institution à part dans le paysage de l’art contemporain. Engagée dans le soutien à la création émergente, comme dans la rencontre entre l’art et le design, elle s’est montrée de plus en plus sensible aux enjeux de société, et particulièrement à ceux liés au climat et à l’épuisement des ressources. « Depuis trois-quatre ans, avec le podcast “Créateurs Urgence Climat”, j’ai eu l’occasion de rencontrer des artistes, des designers et des scientifiques qui se demandent, face aux urgences climatiques, comment produire moins et mieux ou quel est le rôle de l’art face à ces sujets, explique la fondatrice et présidente. Toutes ces questions sont le fruit d’un cheminement et d’une réflexion qui m’ont amené à réorienter mon engagement et mes activités. Il y a déjà pléthore de lieux d’exposition et j’ai besoin de me sentir utile. Je trouve aussi que l’art contemporain, en général, ne répond peut-être pas comme il le faudrait à l’épuisement des ressources. Cette réponse, on la trouve à travers le design et l’utilisation de matériaux moins “impactants”, plus vertueux, moins énergivores. Et c’est dans cette direction que je voudrais m’engager pour les dix-quinze prochaines années de ma vie en produisant des œuvres et des objets qui n’existent pas encore et en les diffusant au public le plus large. »
« Produire autrement »
Mécène et collectionneuse, Nathalie Guiot a nourri plusieurs expositions de la Fondation Thalie d’œuvres de sa propre collection, mises en dialogue avec des artistes invités. « Je vais continuer à collectionner, mais de manière moins intensive et avec d’autres œuvres liées à mes projets, et notamment des œuvres textiles. »

Issue d’une famille d’industriels, cofondatrice des éditions Anabet, elle renoue avec ses racines entrepreneuriales dans le projet « Aleor » (pour Aware, Low-tech, Ethic, Open-mind et Raw). « On est en surproduction d’objets, ce qui nous entraîne un peu à notre perte. C’est pourquoi il y a urgence à produire autrement. » En collaboration avec de jeunes designers, notamment rencontrés pour l’exposition « Regenerative futures », cette nouvelle plateforme de création veut trouver les moyens de proposer des objets qui ne soient pas dommageables pour l’environnement par le recours à des biomatériaux ou à des matériaux réutilisés et en privilégiant l’économie circulaire. « Ce sera évidemment de la production en série limitée, mais ça permet de faire rentrer de nouveaux types d’objets dans les maisons et de faire connaître ces matériaux dont on parle de plus en plus. » Ce travail en série limitée devrait être une première étape avant que la plateforme ne s’associe avec des entreprises pour des productions plus importantes.

Vitrine de cette production, « Aleor Craft & Biodesign » est conçue comme une galerie nomade et itinérante. Elle se dévoilera pour la première fois le public lors de la prochaine édition de la foire Collectible à Bruxelles en mars 2025 à l’espace Vanderborght. Le futur est en construction.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°641 du 18 octobre 2024, avec le titre suivant : La Fondation Thalie ferme son espace à Bruxelles

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