Paul Strand est considéré comme un grand nom de la photographie américaine pour avoir contribué à son entrée dans la modernité. La Maison européenne de la PhotoÂgraphie (MEP) expose 150 images réalisées dans les années 1950-1976, l’œuvre ultime.
PARIS. "Ce que j’ai exploré tout au long de ma vie est le monde sur le pas de ma porte… Le monde de l’artiste est sans limites. Il se trouve partout, loin d’où il vit ou à quelques mètres". Au soir de sa vie, émigré des États-Unis vers la France, grand voyageur – Italie, Nouvelles-Hébrides, Égypte, Roumanie, Maroc, Ghana –, Paul Strand (1890-1976) se prend de passion pour le jardin de sa maison d’Orgeval, qu’il photographie méticuleusement pour l’édition d’un portfolio. Feuillages, chemins de pierres, fleurs concluent avec des accents bucoliques un parcours ouvert au début du siècle par une série d’images affichant géométrie, jeux d’ombres et de lumières en rupture avec l’époque : les apports sans doute les plus convaincants de Strand à l’histoire de la photographie.
Celui-ci voulait rompre avec le pictorialisme d’Alfred Stieglitz, qui cherchait à faire accéder la photographie au rang des beaux-arts en la rapprochant de la peinture du XIXe siècle. Dans un texte publié par Camera Work en 1917, il défend alors "la photographie pure", "l’objectivité". Mais, au fil des années, le théoricien, malgré ses innovations, semble revenir à une vision empreinte de pictorialisme. Dans le portrait d’une famille à Luzzara (1953), l’artificiel, le poids de la mise en scène l’emportent sur la présence et la profondeur psychologique. Certaines images évoquent à nouveau un regard de peintre, telle cette campagne du Haut-Rhin (1950), faisant penser à Millet. La rupture a-t-elle été aussi radicale qu’il l’affirmait ?
PAUL STRAND, LE MONDE À MA PORTE, 1950-1976, du 5 février au 9 mars, Maison européenne de la Photographie (MEP), 5-7 rue de Fourcy 75004 Paris, tlj sauf lundi et mardi 11h-20h. Catalogue en anglais aux éditions Aperture, 144 p., 88 ill. Projections de films sur ou de Paul Strand à la MEP, renseignements au 01 44 78 75 00.
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Ultime Paul Strand
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°33 du 1 février 1997, avec le titre suivant : Ultime Paul Strand