Raccord parfait. C’est Enki Bilal qui succède à Vladimir Veličković pour exposer au Fonds Hélène &Édouard Leclerc, les deux artistes, d’origine serbe, partageant une même vision sombre de l’humanité.
La rétrospective du dessinateur réunit plus de trois cent cinquante œuvres (dessins, peintures, films, écrits) allant de ses débuts dans le 9e art dès 1975 et jusqu’à aujourd’hui, avec le dévoilement d’une série de tableaux inédits faisant écho à Guernica de Picasso. « Il ne s’agit pas d’une exposition de BD, mais d’une exposition sur Enki Bilal », nuance d’emblée Serge Lemoine, commissaire de l’événement. En effet, cet auteur de renommée internationale, à l’univers SF envoûtant et à la patte esthétique immédiatement identifiable, dépasse largement, depuis une trentaine d’années, le cadre de la seule bande dessinée pour s’exprimer à travers le cinéma, la peinture – avouons-le, ce n’est pas là où il est le meilleur – et la mise en scène de spectacles vivants. C’est donc une manifestation multimédia qui se donne à voir, articulée autour de trois axes (sujets, formes et thèmes) permettant non seulement de savourer sa puissance visuelle, mais également de suivre sa trajectoire d’artiste visionnaire, hanté par les thèmes du temps ou de la mémoire et marqué par la fin du communisme, l’obscurantisme religieux, ainsi que par le changement climatique accéléré par un capitalisme carnassier. Cette pensée à l’œuvre, des plus crépusculaires, est ici pertinemment mise en résonance avec des créateurs de toutes les époques, aux préoccupations proches. Et, lorsque l’on voit les noms prestigieux défiler, de Bosch à Cronenberg via Callot, Goya, Doré, Man Ray, Bacon, Witkin, Orlan, Tony Oursler, Fritz Lang, Ridley Scott et autres, nul doute qu’Enki Bilal, tel un aigle difficilement atteignable, joue dans la cour des grands.
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Tapis rouge pour un Bilal bleu sang
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°735 du 1 juillet 2020, avec le titre suivant : Tapis rouge pour un Bilal bleu sang