Stéphane Thidet - L’art de zéphyr

Le vent s’emploie ici davantage à transformer ses propositions qu’à balayer le visiteur. Il détruit notamment un château de sable basique dans une vidéo qui donne son nom à cet opus normand. Plusieurs œuvres récentes (vues au Centre d’art Bastille de Grenoble) et d’autres complètement nouvelles viennent construire ce moment tendu et presque mélancolique pendant lequel des ampoules électriques éclatent (Je n’existe pas), des châteaux disparaissent et la poussière se soulève (Poussières).

Stéphane Thidet a le don de construire des expositions comme des récits semés d’indices. En pendant de ces modestes acmés venteuses, il a élaboré plusieurs sculptures graciles à partir de mines de graphite et de bouts de gomme : des Sculptures de cancre où l’ennui se révèle être un magnifique moteur de l’imagination. Leurs formes géométriques naissent de ces exercices d’agilité mentale et manuelle et prolifèrent comme autant d’ossatures possibles à de nouveaux projets. Car n’oublions pas que Stéphane Thidet avait enchanté son monde avec un paysage émergé du tapis vert acide d’une table de billard en 2008. Il sait aussi nous tendre des embuscades à l’image de Fantôme, une troublante confrontation pour le spectateur devenu presque proie. On n’en dira pas plus mais, comme toujours avec Thidet, difficile de savoir comment interpréter ce moment, entre appel au voyage nocturne et fin du parcours tragique.