Art contemporain

Soulages en majesté

Fondation Pierre Gianadda - Jusqu’au 25 novembre 2018

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 23 juillet 2018 - 351 mots

MARTIGNY / SUISSE

Il est toujours passionnant de découvrir une nouvelle grande exposition de Pierre Soulages. On peut penser très bien connaître le travail de cette figure majeure de l’abstraction, et malgré tout être surpris.

Chaque nouvel accrochage permet de porter un regard différent sur une œuvre qui a priori paraît très simple : un jeu dynamique et répétitif entre les noirs et les blancs et entre les noirs entre eux. Depuis trois quarts de siècle, il construit une œuvre austère comme peut l’être l’architecture romane, sobre comme les cent quatre vitraux que le peintre a réalisés de 1987 à 1994 en collaboration avec l’atelier Jean-Dominique Fleury à Toulouse pour l’église abbatiale Sainte-Foy de Conques.

L’exposition montre pour la première fois la presque totalité de la collection des œuvres du peintre datées de 1948 à 2002 et conservées au MNAM-CCI Centre Pompidou, rassemblant seize peintures dont deux goudrons sur verre, trois brous de noix et cinq œuvres graphiques.

Cette exigeante présentation est complétée par trois autres brous de noix respectivement créés en 1948, 1999 et 2003 provenant du Musée Soulages de Rodez, ainsi que par des prêts majeurs d’œuvres inédites ou rarement montrées provenant de collections privées, dont une peinture récente exposée pour la première fois. Réalisé le 19 juin 2017, ce tableau haut et étroit au fond monochrome gris vibre sur sa partie gauche de saillantes présences picturales horizontales arrachées à la matière de l’acrylique par de vigoureux coups de lame. Soixante-dix ans auparavant, durant l’été 1948, l’artiste a peint d’épais tracés noirs de goudrons sur verre, renvoyant à ses souvenirs de la verrière de la gare de Lyon brisée lors des affrontements de la Libération de Paris. Depuis, il n’a cessé de travailler le noir, mat, lustré, opaque, satiné, en épaisseur… « Le noir est antérieur à la lumière. Avant la lumière, le monde et les choses étaient dans la plus totale obscurité. Avec la lumière sont nées les couleurs. Le noir leur est antérieur », écrit Soulages (Du noir à l’outrenoir).

Né en 1919, il est toujours au travail.
 

« Soulages, une rétrospective »,
Fondation Pierre Gianadda, 59, rue du Forum, Martigny (Suisse), www.gianadda.ch

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : Soulages en majesté

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