Paris, Londres, Brésil, Norvège… L’installation Prenez-soin de vous, conçue en 2007 par Sophie Calle pour le pavillon français de la Biennale de Venise, continue son tour du monde, s’adaptant au passage aux langues locales.
C’est le public mexicain qui la découvre aujourd’hui, d’abord au Marco à Monterrey, puis, en octobre, au Musée Tamayo de Mexico. On y retrouve avec un brin de nostalgie le fameux e-mail de rupture à l’origine de l’œuvre, envoyé à l’artiste par son amant de l’époque et se terminant par le tendrement impératif : « Prenez-soin de vous ». Cherchant du soutien, Sophie Calle (dont l’art se gave d’intime) a soumis sa lettre à l’interprétation d’une centaine de femmes choisies pour leur profession. Publicitaire, avocate, talmudiste, actrice, toutes y vont de leur commentaire, devenu matière première du projet. Le texte est lu, disséqué, raillé, déchiré, crié, passé par tous les filtres subjectifs et rhétoriques, à la fois épuisé de son pouvoir et chargé d’émotions nouvelles. Les interventions mêlent l’écrit à la vidéo et à la photo, démultipliant le « je » en une constellation de « nous ». Certaines ont perdu de leur fraîcheur (le beatbox un peu usé de Camille), d’autres gardent intacts leur férocité (l’écrivaine Christine Angot) ou leur humour (Emma la Clown). En sept ans d’existence, malgré quelques rides et l’irritation que finit par provoquer sa surenchère de stars (de Jeanne Moreau à Victoria Abril), Prenez-soin de vous résiste au temps. Cet exhibitionnisme-là, fertile, est de ceux qui font du bien, source d’interactions et d’altérités.
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Sophie Calle, l’épreuve du temps
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Abonnez-vous dès 1 €« Sophie Calle, CuÁdese mucho », Musée Tamayo, 51 Paseo de la Reforma, Mexico, museotamayo.org
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°672 du 1 octobre 2014, avec le titre suivant : Sophie Calle, l’épreuve du temps