Art contemporain

Sophie Calle, éloge de l’échange

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 septembre 1998 - 247 mots

PARIS

On connaît le goût de Sophie Calle pour les situations les plus ambiguës et son talent pour concevoir les scénarios les plus retors.

Au grand jeu des enquêtes, des filatures, des substitutions, des dédoublements et autres procédures du même genre, elle n’a pas sa pareille. Les photographies, les films, les textes qu’elle réalise à leur appui composent alors chaque fois les actes inattendus d’une dramaturgie proprement existentielle. La question de l’identité y est au cœur d’une réflexion sur l’être et le paraître qui passe par tous les stades, de l’intimité la plus secrète à l’exhibitionnisme le plus outré. Entre vérité et affabulation, Sophie Calle aime à se prendre à tous les jeux qu’on lui propose. Sa dernière livraison, présentée cet automne au Centre national de la photographie, procède d’un échange, contracté avec l’écrivain américain Paul Auster, auteur du Leviathan. Parce que, dans son livre, ce dernier s’est servi de certains épisodes de la vie de Sophie Calle pour construire son personnage de Maria, celle-ci lui a réclamé le droit de se servir à son tour de ce personnage. Des jeux intriqués de la réalité et de la fiction, tant littéraire que photographique, et à ceux des influences réciproques que les deux auteurs et leurs modèles exercent mutuellement, résulte un imbroglio d’une rare tension. Il en est toujours ainsi avec Sophie Calle : elle pousse jusque dans leurs retranchements les situations qu’elle invente comme pour mieux juger de leurs limites.

Centre national de la photographie, 9 septembre-2 novembre.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°499 du 1 septembre 1998, avec le titre suivant : Sophie Calle, éloge de l’échange

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