Depuis le XVIIIe siècle, la manufacture de porcelaine
fait de l’animal l’un des sujets phares de son catalogue.
Avec ses signatures incontournables…
A' l’affût ou au repos, l’animal est un important réservoir de formes, susceptible de suggérer la peur, la rage ou la douceur, autant d’émotions que l’homme, cet être ambivalent par nature, entremêle et métisse. L’animal est entier, entièrement tendu vers ce qui le fait vibrer, parfois le temps d’un instant. Dans ses yeux se niche l’intensité. Sur sa peau palpite la fièvre qui l’habite. La peau est un révélateur. C’est elle, cuir ou écaille, poil ou plume, qui voit l’animal frémir ou tressaillir. Sage, il peut être de marbre. Léger, élégant, fragile, il peut être en porcelaine (Antoine Orlandini, Amphitrite et Neptune, 1954).
Grès et porcelaines
La Manufacture de Sèvres, en exposant dans sa galerie commerciale parisienne une centaine de pièces [jusqu’au 19 mai dernier], a donné à voir l’importance comme la récurrence de la figure animalière au sein de son répertoire, et ce depuis le XVIIIe siècle et la fortune de Jean-Baptiste Oudry. Félins, oiseaux ou équidés n’ont cessé de peupler l’imaginaire des artistes, qu’ils fussent indépendants, comme Henri Bouchard (Gazelle, 1929), ou attachés directement à la prestigieuse institution, tels Jean-Baptiste Gauvenet ou le grand maître d’art Marcel Derny, spécialiste des grès de grand feu (Cigogne, vers 1960).
Ni marbre ni airain, mais des peaux ad libitum, du biscuit émaillé, presque lactescent (Ytiga Noumata, Lion couché, vers 1920), du grès moucheté ou, au pied de la lettre, couleur fauve (Georges Hilbert, Panthère, 1951). Un bestiaire fragile et pérenne, un magasin de porcelaine où place est enfin faite à l’éléphant.
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À Sèvres un éloge de la peau
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°647 du 1 juin 2012, avec le titre suivant : À Sèvres un éloge de la peau