Ces dernières années, le Palais de Tokyo avait habitué l’amateur d’art contemporain à une esthétique inspirée de l’anticipation, sombre et animée des tics de la théorie du complot, d’une menace latente.
En 2007, le Mudam luxembourgeois avec « Tomorrow Now », exposition pensée par Alexandra Midal, explorait l’influence de la science-fiction sur le design, intégrant nombre d’artistes contemporains à l’affaire. Toute une jeune génération d’artistes nés au début des années 1970 – de Vincent Lamouroux à Giraud et Siboni –, et nourris de films, séries télé et de lectures de Ballard et Bradbury, a d’ailleurs été assez prolixe ces dernières années.
Aussi, l’exposition du Grand-Hornu « S.F. Art, science & fiction » semble arriver un peu tardivement. Mais Denis Gielen, le commissaire, prétend moins couvrir l’actualité de ce qui serait presque devenu un genre en art contemporain que son histoire en général. Il rassemble ainsi dans son vaste projet les sculptures d’ovni de Panamarenko, les maquettes hallucinées de Tetsumi Kudo avec tout un registre d’œuvres minimales de John McCracken ou encore d’Ann Veronica Janssens. Bref, il renouvelle le genre.
Accueilli dans la cour par les sculptures monstrueuses et monumentales de Bruno Gironcoli, le visiteur plonge ensuite dans la quatrième dimension, des mondes perdus ou parallèles, fait des rencontres du troisième type. Ce que la science-fiction a donné à la littérature, à la bande dessinée et au cinéma se transforme en œuvres moins répétitives qu’on pouvait le craindre, moins narratives aussi. Ici, se cultive l’étrange, moins technique et robotique que phénoménologique, à l’instar d’une sculpture de verre de Larry Bell quasiment spectrale. On croise même le chef-d’œuvre du Land Art de Robert Smithson, le film Spiral Jetty. L’artiste était en effet un féru de science-fiction qui tira le terme earthworks du titre d’un ouvrage de l’auteur d’anticipation Brian Aldiss. La science-fiction là où ne l’attend pas, tel est le pari de cette odyssée de l’espace.
Mac’s, Grand-Hornu, rue Sainte-Louise 82, Hornu, Belgique, www.grand-hornu.eu
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Science-fiction éternellement
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Voir la fiche de l'exposition : S.F [Art, science et fiction]
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°654 du 1 février 2013, avec le titre suivant : Science-fiction éternellement