SAINT-CLAUDE
Si pour Ker-Xavier Roussel, au centre de l’exposition du Musée de l’Abbaye, le paysage apparaît fondamental, il se fait plus discret dans l’œuvre de son beau-frère, Édouard Vuillard.
Saint-Claude. Une grande photo de Ker-Xavier Roussel (1867-1944) dessinant dans un champ trône à l’entrée de l’exposition « Intimités en plein air ». Tout le propos est annoncé par ce portrait. Il s’agit de paysages et, si Édouard Vuillard (1868-1940) est le plus célèbre des deux peintres présentés, Roussel en est le personnage principal : parmi les 73 œuvres exposées, 48 sont de sa main. La plupart des travaux de Roussel sont conservés par des particuliers et notamment dans la famille des deux peintres. Les relations privilégiées du commissaire scientifique de l’exposition, Mathias Chivot, spécialiste de Vuillard, avec ces collectionneurs ont permis de rassembler des œuvres rarement montrées : dix Vuillard et quarante Roussel proviennent de fonds privés (quelques-uns figuraient à l’exposition de Pont-Aven en 2011). Quant aux pastels des musées prêteurs, ils sont habituellement en réserve du fait de leur fragilité.
Particulièrement adapté à Roussel, le thème du paysage l’est aussi au Musée de l’Abbaye, voué à la conservation des donations de Guy Bardone et René Genis. Il expose à l’année un nombre important de paysages issus de leurs collections, dont Jardin au chemin blanc de Vuillard et Paysage (vers 1940) de Roussel, transmis par Guy Bardone. En 2013, pour renforcer cet ensemble, la Fondation Guy Bardone-René Genis a acquis La Fenêtre en hiver (vers 1893-1895) de Vuillard à la vente du peintre Maurice Brianchon, qui avait été le maître des deux donateurs. Ces trois œuvres sont présentées à l’exposition, dans les salles et les coursives aménagées par l’architecte Adelfo Scaranello pour offrir des vues sur la vallée du Tacon. Valérie Pugin, directrice du musée et co-commissaire général avec Amandine Royer, directrice adjointe du Musée Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand, s’est plu à faire dialoguer les œuvres de Vuillard et Roussel avec cet environnement.
« Il était évident que nous allions démarrer avec la période nabi. Ensuite, la présentation est chronologique, mais aussi thématique », précise Valérie Pugin. Quatre sections ont été retenues, permettant de dégager ces thèmes commentés pour les visiteurs sur des kakemonos. Mais le nombre des œuvres et la conformation des salles (il a fallu étendre l’exposition dans le musée), ainsi que les exigences esthétiques de l’accrochage ont un peu chamboulé le programme. Peu importe : la personnalité complexe de Roussel, qui tirait de sa culture classique de sensuelles compositions mythologiques en plein air, et son extraordinaire talent de pastelliste sont mis en valeur autant que l’inspiration plus élégiaque de Vuillard. Très soigné, le catalogue fait le point sur le thème du paysage chez les deux peintres. On regrette d’autant plus que trois Vuillard y soient reproduits à l’envers…
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Roussel et Vuillard, deux regards sur le paysage
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Abonnez-vous dès 1 €Edouard Vuillard, Le banc rose, 1890, huile sur carton, 22 x 28,5 cm, collection particulière
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°484 du 8 septembre 2017, avec le titre suivant : Roussel et Vuillard, deux regards sur le paysage