Riopelle révélé

« Parfums d’ateliers » évoque à la fois la douceur des souvenirs, l’amitié partagée entre l’artiste canadien et la famille Maeght, et les traces, les empreintes que laisse son œuvre. Ce titre, sensoriel et poétique, résume la volonté de révéler l’homme et l’artiste. Voir Riopelle différemment, autrement qu’à travers le prisme de ses emblématiques toiles des années 1950, inspirées de l’expressionisme abstrait. Grâce au travail remarquable de sa fille, Yseult, commissaire de l’exposition, on découvre alors un homme touchant, plein d’humour, s’amusant par exemple à tenir en laisse son chien, créature faite de bronze, montrée sur la photographie introductive. On entre dans son intimité, du Canada à Paris, jusque dans ses divers ateliers cachés. Bien qu’un peu hasardeux et confus, le parcours thématique met en lumière la construction de son propre langage et dévoile la richesse de sa production artistique. Son goût pour les paysages nordiques et les cultures primitives le conduisent à explorer des jeux de noir et blanc dans des toiles épurées. Un contraste maîtrisé qui se retrouve au cœur de cette célèbre série dite des « mosaïques » (Chevreuse). Les épais tracés noirs qui parcourent son œuvre semblent être la réminiscence d’une fascination pour les jeux de ficelle des Inuits. Enfin, Riopelle ne serait sans doute pas parvenu à créer ces effets de tesselles aussi profonds sans une expérimentation incessante de divers matériaux. De la lithographie, avec ses étonnants paravents au style japonisant revisité, à la tapisserie, où une infinité de fils s’entremêlent telles les racines de son Arbre, en passant par la céramique et la sculpture, Riopelle se livre à une véritable tentation, un goût de vivre et une nécessité de créer.