Richard Deacon - Fabricateur, plus que sculpteur

Or l’univers biomorphique de cet artiste de la nouvelle sculpture anglaise n’est pas sans évoquer les volutes d’Arp. Conçue en étroite collaboration avec le sculpteur britannique, cette exposition dévoile quarante ans de son travail, réunissant une quarantaine de sculptures ainsi qu’une centaine de dessins, gravures et photographies. « Je ne sculpte pas, je ne modèle pas, je fabrique. » Se concevant tel un fabricateur, Deacon met à mal le bloc monolithique de la sculpture traditionnelle. Il s’agit de créer des formes ouvertes qui, oscillant entre vide et plein, se déploient tels des dessins dans l’espace pour créer une dynamique avec le corps des visiteurs.

À l’entrée du parcours, le monumental Quick, constitué d’éléments de bois cerclés de métal, est une énigme visuelle (armature d’un navire accidenté ? charpente animale ?) dont la ligne fluide, tout en soulignant la complexité du monde, évoque l’énergie de la matière vivante. Cette sculpture fait bouger les lignes, en témoigne le titre de l’expo – « La part manquante » – qui met l’accent tant sur l’affirmation du vide comme élément structurant de la forme que sur le fait que cette rétrospective, tournée vers le passé, est en manque de ce qui va suivre.

Conjuguant titres mystérieux (Kiss and Tell, Lock), multiplication des matériaux et affirmation du processus créatif, l’œuvre « vivante » de Deacon transforme la sculpture en une expérience visuelle s’ouvrant au spirituel.