Rem Koolhaas à Paris

Par Sophie Flouquet · L'ŒIL

Le 1 juin 2004 - 378 mots

Sous les feux de la rampe depuis quelques mois avec une exposition berlinoise, la sortie de son livre Content – à l’allure et au prix d’un magazine – une participation aux concours du Mucem de Marseille (perdu) et la livraison de son projet pour le réaménagement des Halles à Paris (des plus avant-gardistes), le prolifique Rem Koolhaas fait à nouveau parler de lui avec cette exposition que lui consacre la galerie d’Architecture.

Une véritable session de rattrapage pour ceux qui n’auraient pas eu la chance d’aller apprécier in situ l’une de ses dernières livraisons : l’ambassade des Pays-Bas de Berlin, inaugurée en mars et déjà visitée par des centaines de curieux, au grand dam du corps diplomatique ! Films, textes, maquettes, cahiers d’études et échantillons de matériaux constituent le support de cette présentation défrichant la genèse des quatre années d’un chantier d’une grande complexité. Construit dans le centre historique de l’ex-Berlin-Est, le bâtiment de verre et d’aluminium poli, constitué d’un cube et d’une aile en retour, démontre à nouveau les capacités de la star de l’architecture internationale à se jouer d’un contexte urbain contraignant. Dans cette parcelle en bordure de la Spree, Koolhaas se devait en effet de respecter le gabarit berlinois, c’est-à-dire de construire un îlot sur le principe du Hof (le bloc d’immeubles). À partir de ce schéma clos et opaque, Koolhaas produit un volume calé sur son socle et sur l’alignement de la rue, accessible par une grande rampe d’asphalte, mais ouvert et transparent, dans un dialogue constant avec le paysage environnant. À l’intérieur, les volumes ont fait l’objet d’un autre type d’expérimentation, Koolhaas y renouvelant l’idée de « promenade architecturale » de Le Corbusier. Sa « trajectoire », qui canalise les circulations publiques, s’enroule autour du bâtiment, mais en alternant par scansions rampes, paliers ou volées de marches. Ces soubresauts réduisent à néant l’idée d’empilement horizontal des étages, comme un lointain écho du Raumplan mis en œuvre dans les années 1920 par Adolf Loos, qui visait à démultiplier les niveaux intérieurs d’un bâtiment.

« Office for Metropolitan Architecture (OMA) / Rem Koolhaas, l’ambassade des Pays-Bas à Berlin », PARIS, la galerie d’Architecture, 11 rue des Blancs-Manteaux, IVe, tél. 01 49 96 64 00. À lire : Rem Koolhaas / AMO-OMA, Content, Taschen, 9,99 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°559 du 1 juin 2004, avec le titre suivant : Rem Koolhaas à Paris

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