À l’occasion des quatrièmes « Dialogues inattendus » du Musée Marmottan (proposition invitant des artistes d’aujourd’hui à revisiter le passé à partir d’œuvres issues du fonds de l’institution), le commissaire indépendant Philippe Piguet – bel-arrière-petit-fils de Monet – invite le plasticien français Jean-Pierre Raynaud à dialoguer avec une œuvre emblématique des collections du musée, Nymphéas (1917-1919), de Claude Monet.
« Ma force en peinture, précise Raynaud dans le catalogue, c’est de ne pas être peintre. » En effet, cette petite exposition tire sa force de sa radicalité, à savoir de son pas de côté pour parler peinture (geste, composition, jeu des couleurs…) sans en faire directement. Il suffit juste pour le plasticien, qui développe depuis bientôt soixante ans un travail autour de l’objet, de faire cohabiter quelques pots de couleurs fluorescentes à côté d’un sublime Monet panoramique, dont la facture libre oublie le motif originel (le bassin aux nymphéas de Giverny) afin de ne parler que de peinture, pour que la magie opère. La peinture, seule, dans toute sa part réflexive et enchanteresse, est sollicitée ici, via deux gestes forts (le lâcher-prise de Monet, la précision chirurgicale de Raynaud) se distinguant sans s’opposer, tout en invitant dans leur conversation les pointillistes, le pop art, les expressionnistes abstraits américains ainsi que le Mondrian tardif de Boogie-Woogie. Bref, à Marmottan, ça parle malicieusement peinture, le cocktail Monet/Raynaud s’avérant savoureux, car éloigné de toute littéralité. Une belle expo avec trois fois rien. Épatant !
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Raynaud, radicalement peintre chez Monet
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°751 du 1 février 2022, avec le titre suivant : Raynaud, radicalement peintre chez Monet