XXe Siècle - La Nouvelle Objectivité est apparue sur la scène allemande au début des années 1920 et a été consacrée par une exposition très médiatisée tenue à la Kunsthalle de Mannheim en 1925.
Qualifiée de post-expressionniste, même si des artistes comme Otto Dix ou George Grosz en conservent encore de forts accents expressionnistes, la Nouvelle Objectivité (ou Neue Sachlichkeit) se caractérise par une volonté de représenter le réel sans fard. Que ce soit par jugement ou par constat, elle tend un miroir à la société malsaine et corrompue de l’après-guerre. Inutile toutefois d’y chercher un cri de désespoir ou une attitude de révolte ; tout effet de pathos en est exclu. À l’impact émotionnel expressionniste se substitue une distanciation qui pousse le visiteur à prendre du recul pour exercer son esprit critique. La sélection des œuvres réunies en ce moment à Mannheim, dont la majorité avait été exposée lors de la manifestation initiale, est remarquable. Elle l’est d’autant plus que l’ensemble est complété par d’autres travaux des années 1920-1930 partageant le même style. Ce sont essentiellement des toiles d’artistes étrangers, mais aussi d’artistes femmes, qui ont été mises en valeur depuis. Au premier niveau du parcours, l’être humain est le thème principal – portrait, autoportraits, corps. Si l’on trouve au début les « ténors » – plusieurs tableaux de Max Beckmann, un des artistes majeurs du XXe siècle, mais aussi des toiles de Grosz, offrant une critique féroce de ses semblables –, on découvre également d’autres peintres moins connus : Carlo Mense, Georg Scholz, ou Georg Schrimpf. Au second niveau, l’homme disparaît, laissant place à des natures mortes et à des paysages, surtout urbains, stylisés et simplifiés à l’extrême, pratiquement désincarnés. Ainsi, dans Nature morte avec tulipes, d’Edith Dettmann (1933), l’organique devient minéral. Dans cet univers figé, voire pétrifié, il est impossible de décider ce que cache cette vision glaciale, sans aucune empathie. Les artistes sont-ils pessimistes, critiques ou simplement des témoins désabusés ? Les visiteurs, eux, sont fascinés.
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Nouvelle Objectivité, bis repetita
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°783 du 1 mars 2025, avec le titre suivant : Nouvelle Objectivité, bis repetita