PARIS
Depuis son ouverture en 2006, le Quai Branly n’avait jamais réservé son grand espace d’exposition du rez-de-jardin à l’image.
Il détient pourtant l’une des plus belles collections de photographies anciennes et modernes qui soit en France et mène depuis quatorze ans une politique active de soutien à la création non occidentale. Christine Barthe, responsable des collections de photographies, signe donc là sa première grande exposition, du moins en France. Le musée a en effet organisé l’an dernier sa toute première exposition photo au Louvre Abu Dhabi, mais à partir de ses collections XIXe-début du XXe. Changement d’époque pour Paris. Ce qui est donné à voir, ce n’est toutefois pas tant la collection contemporaine de l’institution – un tiers des pièces exposées – que des créations marquantes d’artistes africains, asiatiques ou sud-américains, pour la plupart jamais vues en France, et récentes. C’est en effet à partir d’œuvres relatives à la question du regard porté sur l’histoire, notamment coloniale, ou sur des conflits récents, que Christine Barthe a construit son propos. Qui regarde et comment ? Question à laquelle le titre de l’exposition, extrait d’un texte de l’écrivain romantique allemand August Ludwig Hülsen (1765-1809), « À toi appartient le regard et (…) la liaison infinie entre les choses », apporte une première réponse. Le choix en ouverture des 666 autoportraits de Samuel Fosso, centrés sur son visage photographié à l’identique, pose bien le sujet. Pour la première fois montrée dans son intégralité, l’installation a du souffle. Ce qui suit n’en manque pas non plus. Parmi les vingt-six artistes retenus, issus de dix-huit pays différents, pas une pièce qui ne soit percutante dans son propos et sa forme. Telle Crossing The Father Shore de Dinh Q. Lê, installation spectaculaire de centaines de milliers de photographies vernaculaires collectées par l’artiste vietnamien à son retour dans son pays natal après la fuite de ses parents dans les années 1960. Ou encore le film de Mario Garcia Torres, The Way They Looked at Each Other, réflexion sur ce que l’on retient d’une image, notamment d’actualité. « Les photos ne sont pas juste ce qu’elles représentent », rappelle-t-il. Et c’est bien là l’enjeu.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Qui regarde ?
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°736 du 1 septembre 2020, avec le titre suivant : Qui regarde ?