Dans quel contexte et dans quel état d’esprit avez-vous pris la direction du musée en juin 2006 ?
À la tête du musée de 1985 à 1995, Pierre Arizzoli-Clémentel avait hissé le musée dans la cour des grands. Quand je suis arrivée, la situation avait changé. Comme pour la plupart des musées français, la chambre de commerce avait pour souci notre autonomie de financement. J’ai trouvé que c’était un beau challenge. Actuellement, je suis épaulée par un contrôleur de gestion, ce qui me permet de passer au crible nos comptes pour être à l’équilibre, avec un budget de 2 millions d’euros annuels. Cela nous oblige à pratiquer un droit d’entrée assez élevé [8 à 10 euros]. Nous fonctionnons avec une petite équipe [28 personnes dont seulement une conservatrice, une attachée de conservation et deux restauratrices], mais nous sommes devenus les rois de la débrouille pour trouver des solutions à chaque situation.
Nous jouons beaucoup avec la technologie, qui offre, par exemple, plein d’astuces d’éclairement afin de protéger les œuvres tout en les mettant en valeur. S’il jouit d’un réel prestige à l’international, le musée souffre d’une certaine confidentialité en France. Le public, mais aussi les autres musées, n’ont pas conscience de sa richesse : l’établissement conserve pourtant 2 millions de numéros et couvre 4 000 ans d’histoire textile, de l’Égypte ancienne à aujourd’hui, avec, outre la soierie lyonnaise, un fonds très important sur l’Asie. C’est en quelque sorte La Mecque du tissu ! Il y a un travail énorme à faire pour qu’il soit connu et reconnu.
Quelle est votre politique d’expositions ?
Une étude des publics a révélé que les visiteurs de la période automne-hiver sont plutôt des locaux, tandis qu’au printemps et à l’été, un tiers de nos visiteurs sont étrangers. Nous nous sommes donc adaptés avec, pendant la période hivernale, des expositions thématiques et historiques, pour lesquelles nous empruntons des pièces à d’autres musées, et des accrochages concentrés autour de nos collections l’autre partie de l’année. Nous travaillons beaucoup également sur les espaces permanents, qui ont été entièrement renouvelés dans un esprit didactique et ludique pour le jeune public. Courant 2010, la nouvelle salle consacrée à l’Asie, avec des robes de cour des XVIIe et XVIIIe siècles, doit être inaugurée, puis ce sera au tour du nouvel espace consacré à la soierie lyonnaise où seront présentés des costumes, car ce sont eux qui font parler le tissu.
Où en est le projet d’une antenne à Dubaï ?
Le projet a été stoppé net avec la conjoncture économique. Pourtant, nous étions préparés à une telle entreprise. Nous faisions payer notre expertise en gardant la mainmise sur tout le programme, du choix des pièces à leur présentation. L’étendue des collections permet au musée de se séparer, pour un temps défini, de nombreuses pièces. Cela aurait pu lancer nos nombreux projets déjà prêts et en attente de financement, comme le programme multimédia destiné à rendre le parcours vivant, afin que le public, particulièrement les jeunes, prenne du plaisir à la visite, une notion essentielle à mon sens.
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Questions à... Maria-Anne Privat-Savigny, directrice du Musée des tissus de Lyon
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°318 du 5 février 2010, avec le titre suivant : Questions à... Maria-Anne Privat-Savigny, directrice du Musée des tissus de Lyon