Ceci n’est pas une exposition. Plutôt une promenade parisienne, une déambulation dans les collections, venant perturber nos habitudes de visiteurs, comme en témoigne l’inlassable question des visiteurs : « Où est l’exposition Yves Saint Laurent ? » Il faut la chercher, être attentif et se perdre pour la trouver.
Elle est ici, dans le somptueux salon Jupiter du Musée Picasso. Là, dans une embrasure du MAM éclairée par les célèbres néons de Fontana. Ou encore dans l’inoubliable salon de l’Horloge du Musée d’Orsay. Bref, l’exposition est un dialogue avec des espaces muséaux que l’on s’approprie… Tout commence au 5, avenue Marceau, dans l’atelier emblématique du couturier, lieu intime et discret, loin des fastueuses mises en scène proposées par les cinq autres étapes spectaculaires de l’événement. Point de départ du parcours et point de départ de l’œuvre dévoilant le processus de création. Pas de vêtement ici, mais des croquis, des patrons, des toiles et, surtout, une constellation de dessins. Pour ceux qui ne seraient pas rassasiés, le cabinet d’arts graphiques d’Orsay prolonge cet instant magique en exposant des gouaches inspirées de décors de bals. Quant à ceux qui réclament à tout prix des vêtements, ils ne seront pas déçus par la farandole de robes éparpillées au cœur du MAM. La lumière et les couleurs de Dufy, Matisse et Bonnard subliment avec élégance le satin, le velours ou la soie. Passage obligé au Centre Pompidou, lieu de son ultime défilé en 2002, qui propose une mise en scène tout aussi saisissante et subtile où les robes se mêlent parfaitement aux univers de Delaunay et de Léger. Certains spectateurs passeront à côté de la complexité du propos en se contentant d’y voir une simple juxtaposition, enfermant les œuvres dans un rapport illustratif. Pourtant, il n’en est rien. Ce dialogue réunit des artistes que tout oppose à priori et établit des rapprochements esthétiques inattendus – et cela fonctionne –, notamment entre la peinture minimaliste d’Ellsworth Kelly et une robe de soirée noire épurée. Courte étape, mais pas des moindres, au Musée Picasso, où les volumes du langage cubiste transforment les vêtements en de véritables sculptures, autour desquelles on ne se lasse pas de tourner. Enfin, cette traversée de Paris et de l’œuvre du couturier se double d’une traversée dans le temps au Musée d’Orsay. Une parenthèse idyllique et enchantée où se rencontrent la Belle Époque et la modernité, à travers des smokings et des robes de bal. Définitivement atemporel.
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Promenade en compagnie d’Yves Saint Laurent
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°753 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : Promenade en compagnie d’Yves Saint Laurent