Portrait possible de l’art contemporain africain

Impossible mais passionnante. La seule question qui fâche est la suivante. Par « art contemporain » signifie-t-on que seules seront exposées à Beaubourg les œuvres dignes du marché de l’art international, adoubées par l’Occident, répondant aux codes de lecture des biennales et des expositions itinérantes ? Le portrait serait gravement biaisé dans une telle configuration.

S’il n’est pas question dans « Africa Remix » de niveler la présentation par une lecture primitiviste ou d’amalgamer les pièces d’artisanat aux œuvres d’art intentionnelles, que faire de la question de l’africanité ? Comment distinguer les artistes africains vivant en Occident comme Julie Mehretu, Barthélémy Toguo ou Yinka Shonibare de ceux qui créent au Mali, au Mozambique ou dans les pays du Maghreb, et que signifient les différences éventuelles ? Quelle instrumentalisation opèrent les pays occidentaux en compensation d’une culpabilité toujours aussi vive envers ce continent maintenu dans une dépendance économique ? Beaucoup de questions planent sur cet événement culturel où l’on se réjouira de retrouver les maquettes de villes de Bodys Isek Kingelez et les broderies de Ghada Amer. Espérons juste qu’il ne sera pas le vivier de nouveaux clichés du continent africain.