L’excitation de la vitesse, l’exaltation des paysages qui défilent, l’espoir de la rencontre, l’angoisse de la solitude… Pour ses grandes expositions inaugurales, Plateforme 10, nouveau quartier des arts regroupant trois musées rassemblés à deux pas de la gare de Lausanne, a choisi un thème commun : le train et l’imaginaire qu’il charrie.
Le Musée cantonal des beaux-arts (MCBA) nous embarque dans un voyage en compagnie de Filippo Tommaso Marinetti, Giorgio De Chirico, Edward Hopper ou encore Paul Delvaux. À travers une soixantaine d’œuvres, depuis les Futuristes jusqu’à nos jours, on voit les voies ferrées déchirer les campagnes tels des éclairs sous le regard étonné des chevaux et des calèches qui bientôt disparaîtront, tandis que les gares charrient des voyageurs encore déboussolés ou grisés par l’aventure et la rapidité du voyage. De cette révolution, témoignent les toiles presque abstraites d’un Marinetti où l’on ne distingue plus que des couleurs et des coups de pinceaux, comme embarqués déjà dans un train à très grande vitesse. Du dépaysement et de l’inquiétude métaphysique qu’il engendre, rendent compte les peintures mélancoliques suspendues dans le temps, traversées par des trains qui semblent n’aller nulle part, de Giorgio de Chirico, ce fils d’un constructeur du chemin de fer de Thessalonique. Avec ces deux artistes, le ton de l’exposition est donné. Les locomotives de Georges Méliès nous propulseront par-delà les nuages, les wagons de Max Ernst se peupleront de monstres, et bientôt nous voici dans d’étranges gares forestières où des femmes nous tourneront le dos dans les œuvres de Paul Delvaux. La violence et l’érotisme des trains affleurent, éclatent parfois, chez Georges Hugnet par exemple, où des jambes de femmes semblent tomber sur des rails dans un troublant collage photographique. Simple, élégante, la scénographie nous invite à déambuler et à nous arrêter devant chaque œuvre comme devant la fenêtre d’un train, où l’on contemple en frissonnant les rêves et les inquiétudes des gares et des voyages.
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Poétique du train
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°757 du 1 septembre 2022, avec le titre suivant : Poétique du train