Le musée de la Marine raconte des « sentinelles de la mer », une chronologie qui démarre en France au XVIIe siècle.
PARIS - Une exposition au Musée national de la Marine et plusieurs instances de protection au titre des monuments historiques : le vent a manifestement tourné en faveur des phares français. Il y a encore peu de temps, leur sort suscitait pourtant une vive inquiétude. L’automatisation de ces « sentinelles de la mer » et la généralisation dans la navigation de la technologie GPS avaient provoqué, inéluctablement, leur abandon progressif de toute occupation humaine. Avec son corollaire : le manque d’entretien, la menace d’une cession – pour les phares éteints – et leur dégradation progressive. L’affectation d’un certain nombre d’entre eux au Conservatoire du littoral – hélas, sans les moyens afférents – viendra sans doute enrayer ce mouvement. Mais pour le Musée de la Marine, il était donc temps de retracer l’histoire de ces monuments de la mer. Le sujet, qui reste âpre, bénéficie d’une habile scénographie immersive, introduite par un « ballet des optiques » mettant en scène le scintillement des lentilles de Fresnel. C’est cette célèbre lentille « à échelons », distribuant un éclairage blanc et vif, qui a permis aux phares français de bénéficier d’un bond technologique.
L’histoire des phares français débute en 1611 avec la construction du phare de Cordouan (Gironde), le premier à se substituer aux archaïques tours à feu. Cette « chapelle Sixtine » des phares est en effet remarquable en tout point : par sa position sur un banc de sable au centre de l’Estuaire de la Gironde mais aussi par le soin apporté à son écriture architecturale. Il faudra toutefois attendre le XIXe siècle pour qu’un nouveau chapitre s’écrive quand, en 1811, une Commission des phares est créée. Alors que les Français tiennent enfin la dragée haute sur le sujet aux Anglais, l’administration s’empare du sujet et entreprend l’équipement du littoral. Avec des projets parfois titanesques, symbolisés par la construction de quelques phares en mer, tel Ar-Men (1867-1881), dans la Chaussée de Sein, ou La Jument d’Ouessant (1904-1911), érigés sur des îlots rocheux frappés par les déferlantes. De la technique au versant humain, sans oublier la force du symbole, cette exposition envisage ainsi toutes les facettes du sujet des phares. De véritables « cathédrales de la mer » qui ont désormais accédé au rang de patrimoine national.
Commissariat : Vincent Guigueno, chargé de mission patrimoine Phares et Balises à la Direction des affaires maritimes, et Francis Dreyer, historien des techniques Scénographie : Nathalie Crinière (agence NC), Hélène Lecarpentier Nombre d’objets exposés : 650
Tlj sf mardi 11h-18h, 19h le week-end, jusqu’au 4 novembre, Musée national de la marine, Palais de Chaillot, 17 place du Trocadéro, 75116 Paris, www.musee-marine.fr. Album de l’exposition, 36 p., 8 €, Vincent Guigueno, Les Phares, gardiens des côtes de France, éd. Découvertes Gallimard, 36 p., 13,60 €, ISBN 9782070444168
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Pleins phares
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°366 du 30 mars 2012, avec le titre suivant : Pleins phares