Picasso et Picabia, la peinture au défi

Unis par des origines méridionales communes, l’Espagnol Pablo Picasso et le Français de père hispano-cubain Francis Picabia furent plus proches que ce que l’histoire en a retenu et cela, pour une raison au moins : goûtant la même liberté d’expérimentation en art, leurs carrières respectives, pour différentes qu’elles soient, ne furent qu’une longue rupture avec l’idée même de style. « Un peintre, disait Picasso, ne doit jamais faire que ce que les gens attendent de lui. Le pire ennemi d’un peintre, c’est le style. » Marcel Duchamp, le plus fidèle des amis de Picabia, note que « la carrière artistique de Picabia est une série kaléidoscopique d’expériences ». Picasso et Picabia n’en firent effectivement qu’à leur tête ou du moins à leur inspiration. C’est à l’image de ce foisonnement plastique que se déploie, en plus de cent cinquante œuvres, l’exposition. Grâce à des œuvres étonnamment pareilles ou révélant au contraire des oppositions irréconciliables, à l’image de leur relation, le parcours s’ouvre sur les débuts du cubisme vers 1907, puis s’empare de l’abstraction orphique, de l’esthétique du ready-made et de la machine, du rôle de la photographie, du dessin néo-classique, du surréalisme, ou du recours, dans les années 1930 et 1940, à des expressions plastiques aussi opposées que le furent leurs inclinations politiques respectives. L’exposition se clôt sur des œuvres réalisées durant la décennie de leur disparition.