Philippe Parreno à l’épreuve de la Tate

Tout un chacun peut ainsi s’adonner à l’expérience insaisissable que l’artiste français a concoctée à partir de certains de ses films vus au Palais de Tokyo lors de sa dernière grande rétrospective en 2013. Et force est d’admettre que la proposition résiste mal à la contrainte de l’espace ouvert, bruyant, insuffisamment coupé de la lumière, pour dérouler la force sombre, le ballet mystérieux qui fait la force des temporalités qu’aime sculpter Parreno. Il faut se rendre à l’évidence, la longue esplanade moquettée qui descend doucement vers un paysage sonore et l’immense écran de projection, sert bien plus de piste d’atterrissage à des ados en mal de wifi et à des nounous avec poussettes venues se mettre à l’abri du grain londonien. Peu de visiteurs s’attardent devant les déambulations vidéo elliptiques qui ont du mal à arrêter le spectateur dans sa course aux nombreuses expositions des lieux. En 2003, Olafur Eliasson était parvenu à concocter une expérience extatique avec un faux soleil, et l’engouement public avait été remarquable. Parreno était tout à fait conscient de la difficulté de capter l’attention de ce non-public, tâche ardue à laquelle il ne parvient pas à répondre complètement. Pour les fans, l’expérience est frustrante, trop parasitée ; quant aux néophytes, ils risquent de passer à côté.