Paris découvre enfin la puissance d’Alice Neel

Majeure et pourtant méconnue. Longtemps ignorée de son vivant, la redécouverte de son œuvre est tardive. Il faut attendre 1974 pour que lui soit consacrée une première rétrospective, l’artiste étant alors âgée de 74 ans… Depuis, le regard sur les artistes femmes a changé, et, grâce aux remises en question féministes, Alice Neel a bénéficié d’un regain d’intérêt. Après la première exposition en France, il y a six ans, lors de la rétrospective organisée par la Fondation Van Gogh d’Arles, c’est au tour de Paris d’accueillir l’œuvre de cette peintre américaine. L’angle choisi ici vise à mettre en lumière l’engagement politique et social de cette artiste, qui a adhéré au parti communiste et à la cause des femmes. Découpée en deux grandes parties organisées autour des notions de lutte des classes et de lutte des genres, l’exposition donne à voir les portraits majeurs réalisés par la peintre, depuis ses débuts à la fin des années 1920 jusqu’aux derniers tableaux peints peu de temps avant sa mort, en 1984. Pour Angela Lampe, cette exposition entend « montrer la radicalité de cette artiste femme, autonome, indépendante, qui n’a cessé d’affirmer une grande détermination d’être peintre malgré les aléas de la vie et un environnement hostile sur plusieurs décennies ». « Politique, empathique, puissante », la peinture d’Alice Neel redonne vie et « grande dignité » aux figures qu’elle représente, gens modestes ou marginaux, femme marxiste, actrice pornographique, manifestants immigrés ou homosexuels. Caractère inédit de l’exposition : la part importante accordée aux documents et archives, photographies et lettres, ou films, comme celui réalisé par Michel Auder ; ces perspectives apportent un nouvel éclairage sur la vie et l’œuvre de cette peintre née en 1900 qui se disait « être le siècle ».