Paris. Il est partout. Outre la rétrospective présentée au Mans, il bénéficie d’une confrontation avec Monet au Musée de l’Orangerie et d’une autre avec Bourdelle et le XXe siècle au musée du même nom.
Ces trois projets avaient été répartis dans le temps avant que la pandémie ne télescope les dates. Pour autant, chacune de ces expositions présente un aspect différent de l’œuvre. S’il s’agit d’un parcours chronologique au Mans, les deux autres présentations abordent sa production sous des angles singuliers. À l’Orangerie, Cognée entre en résonance avec le travail de Monet en explorant le thème de l’immersion dans la nature. À cette différence-ci que le peintre impressionniste dépeint un paysage aquatique semi-abstrait, tandis que chez Cognée c’est une forêt dense et enchevêtrée. Toutefois, que ce soient avec les Nymphéas ou les arbres qui forment une paroi quasi infranchissable – Entre chien et loup (2023) –, le regard cherche et se perd dans la matière qui remonte à la surface.
Au Musée Bourdelle, outre quelques sculptures en bois – Têtes d’hommes (1989), prétexte à un face-à-face un peu forcé –, c’est l’occasion de présenter un cycle étonnant. Une grande salle met en scène cette série interminable composée d’environ 1 100 pièces : « Le Catalogue de Bâle » (2013-2015). Ayant déchiré plusieurs catalogues, bien épais, de la célèbre foire d’art moderne et contemporain, Cognée colle les pages sur une feuille d’aluminium et enduit le papier d’une couche préparatoire pour éviter que l’huile ne vienne le « manger ». Ensuite, il repeint chaque image à l’identique, en respectant toujours le même temps de travail. Avec des images d’un même format A4, Cognée accentue l’aspect sériel de la réalisation, une manière de remettre en question la hiérarchie consacrée par l’histoire de l’art, indissociable de celle du marché.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°613 du 9 juin 2023, avec le titre suivant : À Paris, Cognée sur tous les fronts