Pour sa deuxième exposition, le Musée Camille Claudel met en regard sa riche collection permanente de sculptures modernes de Claudel, Rodin, Boucher, Dubois… avec des productions plus contemporaines (de 1947 à 2017).
Il s’agit de signifier les liens qui unissent les sculptures modernes du musée à l’art qui lui succède. Formels et sémantiques, les rapprochements effectués sont mis en scène à la fois dans l’espace d’expositions temporaires et au sein même de la collection permanente. Dans les salles temporaires, le contemporain domine en volume et en nombre quand, à l’inverse, le moderne est majoritaire dans les salles permanentes. Ce passage d’un équilibre à l’autre brouille la perception de ce qui est passé et ce qui est présent, laissant seulement visible un dialogue pur. Loin de la simple réflexion historique, c’est un propos sur l’art comme réseau de relations plurielles qui se déroule. L’enchaînement des salles n’est pas chronologique mais thématique, traversant les questions de la danse, du mouvement, du nu idéal, du monument. Emblématique de l’esprit de l’exposition : la salle 2, consacrée au drapé. Le chef-d’œuvre de Camille Claudel, La Valse, y est confrontée à trois sculptures grand format d’Orlan, Robes de plis sans corps, ainsi qu’aux toiles abstraites de Najia Mehadji. Une fois dépassé le constat d’une filiation, la scénographie invite à une méditation sur le mouvement lui-même comme source commune et atemporelle de chacune des artistes, signifiant au-delà des évolutions et des ruptures historiques la présence de réflexions universelles.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°726 du 1 septembre 2019, avec le titre suivant : À Nogent, espace et temps se mêlent