Myriam Mihindou, artiste franco-gabonaise, crée des œuvres qui s’inspirent de son vécu, de ses voyages au Maroc, en Égypte, au Gabon, et de ses rencontres.
Elle met en scène des zones de contact entre des matériaux et des univers mixtes. Elle compose des passages entre traditions occidentales et africaines et observe le langage et les nouvelles identités qui en découlent. Son engagement culturel et social se retrouve au cœur de ses œuvres. La photographie, la vidéo, la sculpture sont une constante de son travail, la performance est le médium privilégié de l’insertion de l’œuvre dans l’espace architectural, son intégration, son marquage. Myriam Mihindou donne rendez-vous au Musée Picasso La Guerre et la Paix à Vallauris pour présenter sa performance intitulée Transmissions. Quelques jours d’immersion dans la ville et dans ce lieu d’exposition chargé de sens lui ont inspiré une œuvre composée de hampes ou de cannes en céramique rehaussées d’émaux vibrants et sombres, tendues très haut sur l’abside de la chapelle par des cordes de chanvre. Par leur verticalité, ces cannes deviennent ici le fil de transmission qui part de la terre et s’élève vers la connaissance. Objet riche en symboles, la canne est à la fois signe de savoir, de savoir-faire dont l’artiste s’est imprégnée en se colletant à la terre qu’elle a malaxée encore et encore, elle est également signe de pouvoir comme de justice, de sagesse, objet d’itinérance, tuteur pour se tenir droit et pour avancer. Éminemment métaphorique, l’œuvre de Myriam Mihindou l’est aussi par son ambivalence qui s’inscrit en résonance avec le chef-d’œuvre La Guerre et la Paix qu’elle côtoie. Elle offre une plongée dans un univers singulier à travers une approche à la fois symbolique et esthétique.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°712 du 1 mai 2018, avec le titre suivant : Myriam Mihindou