La dernière installation d’Antoni Muntadas, artiste espagnol installé depuis 1971 à New York, démontre que la distinction entre espace public et espace privé n’a plus lieu d’être en cette fin de siècle.
Notre espace intime est désormais envahi par l’espace public. Il n’est que le relais des grands réseaux d’informations et de communications avec leurs slogans consuméristes. Les œuvres de Muntadas traitent de cette colonisation intérieure dont nous sommes tous victimes, de ce passage du statut de citoyen à celui de consommateur. Les locaux du FRAC Basse-Normandie sont ici transformés en une maison réduite à sa plus simple expression. Aucun mobilier n’est présent, hormis une télévision et une cheminée. Afin de renforcer ce sentiment d’aliénation, le toit transparent sert d’écran à des projections de publicités mobilières. Sur un mur, sont accrochées des séries de photographies de résidences secondaires symboliques du statut social de son occupant. Confort, santé, argent, sécurité sont les principaux messages véhiculés par ces demeures sans caractère. Le spectateur voit soudain surgir toute une idéologie nauséabonde reposant sur la prétendue beauté et spécificité de notre culture désormais victime de métissages inacceptables. Or, cette installation démontre que ces discours xénophobes proviennent aussi d’une idéologie multiculturaliste qui tente de séparer les cultures pour mieux cibler les marchés existants.
CAEN, FRAC Basse-Normandie, jusqu’au 3 octobre.
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Muntadas, agent immobilier
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°507 du 1 juin 1999, avec le titre suivant : Muntadas, agent immobilier