Les trente-quatre artistes invités en Allemagne se penchent sur la pratique de la sculpture et, pour un grand nombre d’entre-eux, questionnent la place de l’art vivant dans l’espace public.
Tous les dix ans pendant l’été, les rues de Münster sont prises d’assaut par des touristes d’un genre curieux, à pied ou à vélo, en quête de sculptures et d’installations dispersées de la Domplatz aux rives du lac Aa.
En 1977, huit artistes seulement montaient une première édition d’un cru tout conceptuel mâtiné de landartisme. Après tout, il s’agissait bien de faire éphémère, de sortir l’art du musée et de penser la forme dans l’espace public. « Skulptur Projekte » naissait au moment où la sculpture, sa définition et son statut étaient mis à mal, au moment où environnements et dispositifs étendaient le vocabulaire du médium, au moment enfin où l’art public établissait des problématiques incluant public et contexte urbain.
Passage aux toilettes publiques
Pour cette quatrième édition emmenée par l’Allemand Kasper König, le jeu de piste se corse et s’affine : une sélection resserrée, des œuvres boudant le spectaculaire et des artistes ne dédaignant pas quelques clins d’œil appuyés aux éditions précédentes et à l’histoire de la ville. Il y a les habitués – Michael Asher, Mike Kelley ou Thomas Schütte – et ceux qui s’y réfèrent – Dominique Gonzalez-Foerster, Bruce Nauman ou Valérie Jouve.
Au gré de la balade, le promeneur débusquera des toilettes publiques revues et corrigées par Hans-Peter Feldman, pourra manquer le fil ténu tendu très haut par Mark Wallinger tout autour de la vieille ville ou parcourir un sentier tracé puis interrompu en plein champ par Pawel Althamer. Il pourra encore suivre l’employé qui, chaque jour, déplace un volume précis de pierres d’un point à l’autre de la ville à l’aide d’un chariot élévateur, selon un protocole informatique aléatoire quotidiennement modifié. Un geste pessimiste quant au potentiel productif de l’art que signe Gustav Metzger et qui témoigne de l’orientation générale de la manifestation.
Dans l’ensemble, les artistes privilégient le geste et la production de lien dans l’espace public plutôt que le volume plastique et le monument. En cela, la sélection de cette édition rend bien compte des dernières mutations de l’art public et nous rappelle que Münster demeure l’une des plus sûres et des plus didactiques photographies de l’histoire contemporaine de la sculpture.
Informations pratiques « Skulptur Projekte Münster », jusqu’au 30 septembre 2007. Commissaire : Brigitte Franzen, Carina Plath. LWL-Landesmuseum für Kunst und Kulturgeschichte, Domplatz 10, Münster. Entrée libre. Tél. 49 2 5159 07201, www.skulptur-projekte.de
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À Münster, les plasticiens interrogent l'espace public
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°594 du 1 septembre 2007, avec le titre suivant : À Münster, les plasticiens interrogent l'espace public